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Et si on se faisait un petite histoire ? : discussion - Page 5

Bettyoups
Bettyoups 26/06/2015 à 20h55

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
-Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis ta soeur dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
-Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?

  • Ambassadeur
  • Smile

Johan404
Johan404 29/06/2015 à 10h05

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
-Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis ta soeur dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
-Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
-C'était quoi ?
-Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

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Oss
Oss 29/06/2015 à 18h31

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
- Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis Aurore dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
- Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
- C'était quoi ?
- Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

19 heures. Charles est exact au rendez-vous qu'il a fixé à Lantier. Après avoir pris un sac en cuir dans le coffre de son véhicule, il examine les alentours. Lantier lui fait un appel de phares pour lui montrer qu'il est bien là. D'un geste Charles lui fait signe de le rejoindre.
- Tu m'attends ici Paul, ne te montre pas, j'y vais seul.
Marcel Lantier sort de son véhicule et se dirige vers Charles. Il s'arrête à quelques mètres de lui. Les deux hommes se mesurent du regard, longuement. Marcel n'a qu'une envie, c'est de lui sauter à la gorge. Mais il sait qu'il doit ne rien faire. Pas maintenant.
- Je t'écoute lui lança-t-il !
- Tu es seul ?
- Oui.
Charles lui lance le sac.
- Regarde !
Marcel ouvre le sac. A l'intérieur un album de photos
- Ouvre-le à la troisièle page.
Marcel s'éxécute. A la troisième page, une seule photo en format A4. Il reconnait non sans peine son père et sa mère, lui-même à l'âge de 7 ans et à ses côtés, lui tenant la main, un garçon à peine plus âgé que lui. Il regarde longuement la photo. Puis, le visage blème, il regarde Charles. Ce garçon à ses côtés, il vient de le reconnaître. Cela fait si longtemps. Ce n'est pas Paul son frère...
- C'est toi Charles, ce garçon ?...

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Bettyoups
Bettyoups 29/06/2015 à 19h33

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
- Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis Aurore dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
- Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
- C'était quoi ?
- Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

19 heures. Charles est exact au rendez-vous qu'il a fixé à Lantier. Après avoir pris un sac en cuir dans le coffre de son véhicule, il examine les alentours. Lantier lui fait un appel de phares pour lui montrer qu'il est bien là. D'un geste Charles lui fait signe de le rejoindre.
- Tu m'attends ici Paul, ne te montre pas, j'y vais seul.
Marcel Lantier sort de son véhicule et se dirige vers Charles. Il s'arrête à quelques mètres de lui. Les deux hommes se mesurent du regard, longuement. Marcel n'a qu'une envie, c'est de lui sauter à la gorge. Mais il sait qu'il doit ne rien faire. Pas maintenant.
- Je t'écoute lui lança-t-il !
- Tu es seul ?
- Oui.
Charles lui lance le sac.
- Regarde !
Marcel ouvre le sac. A l'intérieur un album de photos
- Ouvre-le à la troisièle page.
Marcel s'éxécute. A la troisième page, une seule photo en format A4. Il reconnait non sans peine son père et sa mère, lui-même à l'âge de 7 ans et à ses côtés, lui tenant la main, un garçon à peine plus âgé que lui. Il regarde longuement la photo. Puis, le visage blème, il regarde Charles. Ce garçon à ses côtés, il vient de le reconnaître. Cela fait si longtemps. Ce n'est pas Paul son frère...
- C'est toi Charles, ce garçon ?...
- oui c'est moi ! Enfin.......c'était moi ce petit garçon qui croyait à l'amour de ces parents, qui croyait faire partie de cette famille ! Mais quelle désillusion, quand au fil du temps je me suis rendu compte de la différence que nos parents, que dis-je de TES parents faisaient entre nous ! Ah oui, le beau Marcel, le bon Marcel, le gentil Marcel !!! ...Charles ne parlaient plus, il hurlait sa haine !!!
- Charles, arrête !! Je n'y comprend rien !!! ...toi mon frère ????

  • Ambassadeur
  • Smile

Oss
Oss 29/06/2015 à 19h38

- Oui ton frère mais... pas complètement !
- Comment cela ?
- Ton père est notre père à tous les deux quant à ma mère, nous n'avons pas la même...
- Madame de Fontenelle ?
- Oui c'est ma mère et je suis le produit d'un adultère et ta mère n'a pas voulu de moi. Notre père en a souffert et maman aussi mais pas la tienne !...

  • Ambassadeur
  • Smile

Bettyoups
Bettyoups 29/06/2015 à 20h16

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
- Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis Aurore dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
- Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
- C'était quoi ?
- Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

19 heures. Charles est exact au rendez-vous qu'il a fixé à Lantier. Après avoir pris un sac en cuir dans le coffre de son véhicule, il examine les alentours. Lantier lui fait un appel de phares pour lui montrer qu'il est bien là. D'un geste Charles lui fait signe de le rejoindre.
- Tu m'attends ici Paul, ne te montre pas, j'y vais seul.
Marcel Lantier sort de son véhicule et se dirige vers Charles. Il s'arrête à quelques mètres de lui. Les deux hommes se mesurent du regard, longuement. Marcel n'a qu'une envie, c'est de lui sauter à la gorge. Mais il sait qu'il doit ne rien faire. Pas maintenant.
- Je t'écoute lui lança-t-il !
- Tu es seul ?
- Oui.
Charles lui lance le sac.
- Regarde !
Marcel ouvre le sac. A l'intérieur un album de photos
- Ouvre-le à la troisièle page.
Marcel s'éxécute. A la troisième page, une seule photo en format A4. Il reconnait non sans peine son père et sa mère, lui-même à l'âge de 7 ans et à ses côtés, lui tenant la main, un garçon à peine plus âgé que lui. Il regarde longuement la photo. Puis, le visage blème, il regarde Charles. Ce garçon à ses côtés, il vient de le reconnaître. Cela fait si longtemps. Ce n'est pas Paul son frère...
- C'est toi Charles, ce garçon ?...
- oui c'est moi ! Enfin.......c'était moi ce petit garçon qui croyait à l'amour de ces parents, qui croyait faire partie de cette famille ! Mais quelle désillusion, quand au fil du temps je me suis rendu compte de la différence que nos parents, que dis-je de TES parents faisaient entre nous ! Ah oui, le beau Marcel, le bon Marcel, le gentil Marcel !!! ...Charles ne parlaient plus, il hurlait sa haine !!!
- Charles, arrête !! Je n'y comprend rien !!! ...toi mon frère ????
- Oui ton frère mais... pas complètement !
- Comment cela ?
- Ton père est notre père à tous les deux quant à ma mère, nous n'avons pas la même...
- Madame de Fontenelle ?
- Oui c'est ma mère et je suis le produit d'un adultère et ta mère n'a pas voulu de moi. Notre père en a souffert et maman aussi mais pas la tienne !...
- quoi? ....mais que me racontes-tu là ?.....notre père avec ....non, non, non !! Impossible!
En fait, tu me racontes des histoires, hein ? ....dis moi que c'est ça ! Tu veux gagner du temps, hein? ....Marcel saisit Charles par le col ,le secoue jusqu'au moment où il aperçoit Paul avec l'album entre les mains....

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Oss
Oss 29/06/2015 à 20h49

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
- Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis Aurore dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
- Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
- C'était quoi ?
- Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

19 heures. Charles est exact au rendez-vous qu'il a fixé à Lantier. Après avoir pris un sac en cuir dans le coffre de son véhicule, il examine les alentours. Lantier lui fait un appel de phares pour lui montrer qu'il est bien là. D'un geste Charles lui fait signe de le rejoindre.
- Tu m'attends ici Paul, ne te montre pas, j'y vais seul.
Marcel Lantier sort de son véhicule et se dirige vers Charles. Il s'arrête à quelques mètres de lui. Les deux hommes se mesurent du regard, longuement. Marcel n'a qu'une envie, c'est de lui sauter à la gorge. Mais il sait qu'il doit ne rien faire. Pas maintenant.
- Je t'écoute lui lança-t-il !
- Tu es seul ?
- Oui.
Charles lui lance le sac.
- Regarde !
Marcel ouvre le sac. A l'intérieur un album de photos
- Ouvre-le à la troisièle page.
Marcel s'éxécute. A la troisième page, une seule photo en format A4. Il reconnait non sans peine son père et sa mère, lui-même à l'âge de 7 ans et à ses côtés, lui tenant la main, un garçon à peine plus âgé que lui. Il regarde longuement la photo. Puis, le visage blème, il regarde Charles. Ce garçon à ses côtés, il vient de le reconnaître. Cela fait si longtemps. Ce n'est pas Paul son frère...
- C'est toi Charles, ce garçon ?...
- oui c'est moi ! Enfin.......c'était moi ce petit garçon qui croyait à l'amour de ces parents, qui croyait faire partie de cette famille ! Mais quelle désillusion, quand au fil du temps je me suis rendu compte de la différence que nos parents, que dis-je de TES parents faisaient entre nous ! Ah oui, le beau Marcel, le bon Marcel, le gentil Marcel !!! ...Charles ne parlaient plus, il hurlait sa haine !!!
- Charles, arrête !! Je n'y comprend rien !!! ...toi mon frère ????
- Oui ton frère mais... pas complètement !
- Comment cela ?
- Ton père est notre père à tous les deux quant à ma mère, nous n'avons pas la même...
- Madame de Fontenelle ?
- Oui c'est ma mère et je suis le produit d'un adultère et ta mère n'a pas voulu de moi. Notre père en a souffert et maman aussi mais pas la tienne !...
- quoi? ....mais que me racontes-tu là ?.....notre père avec ....non, non, non !! Impossible!
En fait, tu me racontes des histoires, hein ? ....dis moi que c'est ça ! Tu veux gagner du temps, hein? ....Marcel saisit Charles par le col ,le secoue jusqu'au moment où il aperçoit Paul avec l'album entre les mains....
- Charles à raison dit Paul à Marcel.
Il regarde Charles et dit :
- Je temps qu'il est grand temps de mettre Marcel au courant.
Puis il se tourne vers son frère.
Papa est notre père à tous les trois. Maman est notre maman mais pas la maman de Charles. Papa a eu une relation avec sa véritable mère madame de Fontenelle, cinq ans après ta naissance. Papa ne l'a pas reconnu, maman s'étant opposée à cette reconnaissance. Charles a vécu avec sa mère, ne voyant son père que très rarement, pour ainsi dire jamais. Maman est devenue folle. J'ai traversé une mauvaise passe, je me suis drogué, Charles me fournissait.
- Mais pourquoi s'en est-il pris à Aurore ?...

  • Ambassadeur
  • Smile

Bettyoups
Bettyoups 29/06/2015 à 21h27

Oss 29/06/2015 à 18h49
Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
- Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis Aurore dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
- Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
- C'était quoi ?
- Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

19 heures. Charles est exact au rendez-vous qu'il a fixé à Lantier. Après avoir pris un sac en cuir dans le coffre de son véhicule, il examine les alentours. Lantier lui fait un appel de phares pour lui montrer qu'il est bien là. D'un geste Charles lui fait signe de le rejoindre.
- Tu m'attends ici Paul, ne te montre pas, j'y vais seul.
Marcel Lantier sort de son véhicule et se dirige vers Charles. Il s'arrête à quelques mètres de lui. Les deux hommes se mesurent du regard, longuement. Marcel n'a qu'une envie, c'est de lui sauter à la gorge. Mais il sait qu'il doit ne rien faire. Pas maintenant.
- Je t'écoute lui lança-t-il !
- Tu es seul ?
- Oui.
Charles lui lance le sac.
- Regarde !
Marcel ouvre le sac. A l'intérieur un album de photos
- Ouvre-le à la troisièle page.
Marcel s'éxécute. A la troisième page, une seule photo en format A4. Il reconnait non sans peine son père et sa mère, lui-même à l'âge de 7 ans et à ses côtés, lui tenant la main, un garçon à peine plus âgé que lui. Il regarde longuement la photo. Puis, le visage blème, il regarde Charles. Ce garçon à ses côtés, il vient de le reconnaître. Cela fait si longtemps. Ce n'est pas Paul son frère...
- C'est toi Charles, ce garçon ?...
- oui c'est moi ! Enfin.......c'était moi ce petit garçon qui croyait à l'amour de ces parents, qui croyait faire partie de cette famille ! Mais quelle désillusion, quand au fil du temps je me suis rendu compte de la différence que nos parents, que dis-je de TES parents faisaient entre nous ! Ah oui, le beau Marcel, le bon Marcel, le gentil Marcel !!! ...Charles ne parlaient plus, il hurlait sa haine !!!
- Charles, arrête !! Je n'y comprend rien !!! ...toi mon frère ????
- Oui ton frère mais... pas complètement !
- Comment cela ?
- Ton père est notre père à tous les deux quant à ma mère, nous n'avons pas la même...
- Madame de Fontenelle ?
- Oui c'est ma mère et je suis le produit d'un adultère et ta mère n'a pas voulu de moi. Notre père en a souffert et maman aussi mais pas la tienne !...
- quoi? ....mais que me racontes-tu là ?.....notre père avec ....non, non, non !! Impossible!
En fait, tu me racontes des histoires, hein ? ....dis moi que c'est ça ! Tu veux gagner du temps, hein? ....Marcel saisit Charles par le col ,le secoue jusqu'au moment où il aperçoit Paul avec l'album entre les mains....
- Charles à raison dit Paul à Marcel.
Il regarde Charles et dit :
- Je temps qu'il est grand temps de mettre Marcel au courant.
Puis il se tourne vers son frère.
Papa est notre père à tous les trois. Maman est notre maman mais pas la maman de Charles. Papa a eu une relation avec sa véritable mère madame de Fontenelle, cinq ans après ta naissance. Papa ne l'a pas reconnu, maman s'étant opposée à cette reconnaissance. Charles a vécu avec sa mère, ne voyant son père que très rarement, pour ainsi dire jamais. Maman est devenue folle. J'ai traversé une mauvaise passe, je me suis drogué, Charles me fournissait.
- Mais pourquoi s'en est-il pris à Aurore ?...
- car Aurore est un don du ciel, la beauté, la douceur, l'intelligence incarnée ! ...enfin tout quoi, tout et Aurore.....Aurore a rejeté l'amour de Charles et....
- oui !! ....le cri de Charles les font sursauter..
- elle aussi elle m'a rejeté, pourtant elle ne sait rien de tout cela, j'ai cru qu'elle m'aimait, elle était si gentille, si agréable, nous rigolions bien , nous étions si bien ensemble que quand elle m'a proposé de faire une escapade, je n'en revenais pas ! J'étais le plus heureux des hommes, je me suis dis que se serait à ce moment là que je lui crierais mon amour ! .....

  • Ambassadeur
  • Smile

Oss
Oss 04/07/2015 à 18h51

Nous sommes en octobre, les dockers sur le quai s'arrêtent de travailler pour voir émerger du brouillard le navire tant redouté.... Marcel Lantier, le contremaître, proche de la retraite, se dit qu'il se serait bien passé d'avoir à s'occuper de ce foutu cargo. Après tout, ses petits enfants l'attendent à la maison. Il n'a que quelques jours pour en profiter avant que sa fille, Aurore, retourne chez elle, à 600km de son domicile.

Marcel Lantier est un homme pragmatique, il ne laisse rien au hasard et il compte bien demander des comptes à l'armateur propriétaire de ce navire.

Une fois amarré, il se précipite à sa rencontre, se rend dans sa cabine étriquée et lui dis : "Lestic, on ne peut pas dire que la joie m'étouffe quand je te vois. Tu ramènes encore ta carlingue pourrie dans mon port ! Je m'épuise à te raconter la même chose et la fatigue, ça me rend nerveux. Quand est ce que tu vas te décider à me prévenir 24h à l'avance ?!".
"C'est important Marcel, il faut que tu vois ça, tu ne vas pas en croire des yeux." rétorqua le vieux monsieur barbu.
Interloqué, Marcel suivit son ami jusque dans le cale. Ce qu'il vit le marqua à jamais. Au début, une forme indéfinissable, un animal ?..un être humain ?
L'épaisse crinière qui dépassait de la couverture ne permettait pas d'en juger, pas plus que les formes de sa silhouette répandue sur le sol. Marcel se raidit quand son portable sonna. Un rapide coup d'oeil sur l'écran. Numéro inconnu. Normalement il ne répond jamais à ce genre d'appel. Mais, mû par un instinct qu'il ne comprit pas, il appuya sur la touche pour entrer en communication.
- Marcel Lantier ? dit une voix sans timbre, monocorde.
- Oui c'est moi !
- Vous avez vu ?
- vu quoi?......mais qui êtes vous, d'abord ?
- Vous avez la mémoire courte monsieur Lantier
-allez-vous me dire enfin qui vous êtes ?
- Bientôt, monsieur Lantier, bientôt, vous avez vu ce dont je suis capable de faire ?
- Mais quoi'? Qu'avez vous fait ? Et à qui ???
- Allez voir dans la cale sous la bache, vous aurez un aperçu de mon pouvoir
-mais j'y suis et....Lantier se tait car c'est à cet instant que la forme commence à se mouvoir et, dans le mouvement, la toile glisse, seul le visage a un aspect humain, il reconnait sa fille disparue quelques mois plus tôt. Il s'élance en hurlant le prénom de sa fille , Aurore !!!!

Sa fille belle et sauvageonne, attirée par le grand large, avait disparu du domicile familial depuis qu'elle s'était sauvée avec le fils du capitaine du port. Une lettre, laissée à Lantier, lui apprenait que les deux jeunes embarquaient clandestinement à bord d'un navire : voir d'autres horizons concluait la missive...
- Aurore !!! Mais....laisse moi, laisse moi passer, cria Lantier à son ami qui l'empêchait d'avancer vers sa fille adorée

Aurore avait gardé son beau visage, ses yeux verts, sa chevelure blonde mais son corps était enfermé dans une espèce de gangue adipeuse, un cocon graisseux...

Elle était belle, son visage était encore intact et son expression faciale semblait paisible. Comment cet horrible personnage l'avait il tué ?
Marcel Lantier fut pris d'une crise de panique qui le tétanisa, puis fit un malaise.
Il se réveilla quelques heures plus tard à un endroit radicalement différent.
Autour de lui, des oiseaux, d'immenses arbres et des cris......de singes !!! Mais où suis-je, se demanda t'il ? Sur la droite, au travers des branches d'un pandanus, une cascade, dont les volutes d'eau tombaient comme un voile de mariée flottant au vent, l'invitait à venir se rafraîchir.

C'est alors qu'il eut une vision ahurissante, se demandant s'il était dans un rêve ou bel et bien dans la réalité.
Les minutes lui paraissait des heures, le temps était si long ici. Il sentait l'angoisse le parcourir mais ressentait paradoxalement un bonheur immense au fond de lui. Cet endroit l'apaisait
- Laurence, s'exclama t'il !! Non,c'est impossible et pourtant c'est bien elle !! ....car Laurence , sa femme n'est plus de ce monde depuis deux ans...

- Marc il faut que tu m'écoutes attentivement, je vais me faire enlever d'ici quelques jours en allant faire des courses, et tu as la possibilité de faire en sorte que ça n'arrive pas car tu peux voyager dans l'espace temps.
-Mais...que ? Comment est ce possible ?
-Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dans quelques secondes tu reviendras plusieurs mois en arrière et je serai avec toi, à la maison.
- Quoi? Que dis tu ? Est ce vraiment toi ? .....non non, attends, attends !!!!
30 secondes plus tard, sa femme disparut....

L'image de sa femme s'estompa. Petit à petit il repris ses esprits. Lentement, le brouillard dans lequel il baignait s'effaça. Les formes, les lieux dans lesquels ils se trouvait désormais lui apparurent et lui devinrent familiers. Il se vit assis à la table de la cuisine, dans sa maison. Laurence, occupée à ranger de la vaisselle lui dit :
"Ça va chéri ?"
Lantier balbutia quelques mots maladroits...
"Je...euh...Laurence ?
-Assieds toi quelques minutes, tu as l'air tout palot !"
-Laurence? C'est bien toi ?
-Mais évidemment que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit ?
- Toi, bien évidemment !
- Non, Marcel, je dois aller chez madame de Fontenelle pour lui tenir compagnie comme je le fais chaque mercredi. Peux-tu t'occuper de la reparation de la machine à laver ?
- Oui ma chérie. Tu comptes aller comment chez cette dame ?
- A pied, comme d'habitude
- Attends, je vais t'accompagner.
Lantier se souvient du "rêve "
- Mais , quelle drôle d'idée , tu n'as jamais voulu m'y accompagner ! ...d'ailleurs je te trouve un peu bizarre, aujourd'hui !
- Tout va bien ma chérie, crois moi, seulement, une fois n'est pas coutume, je veux t'accompagner, faire quelques pas à tes côtés .
- Bon ....si tu insistes, mais je te préviens , Charles, le fils de madame de Fontenelle sera
présent et je sais que tu ne l'apprécie guère depuis son escapade avec Aurore !

Le couple se mit alors en route. Sur le chemin, il ne la lâchait pas du regard. Il la dévorait. Il semblait embrasser chaque seconde supplémentaire passée avec l'amour de sa vie, cette femme qui l'avait rendu si heureux, son repère.
Et soudain... Marcel trébucha sur une branche, comme posée là en travers de sa route...
- Oh Marcel !! Ça va, mon chéri ? ...mais que fait cette branche ici ?
- Oui, oui ça va....si je ne m'étais pas rattrapé à ton bras , j'aurai pu me faire très mal, regarde...un énorme clou dépasse de ia branche ....
- Mon Dieu, mais c'est dangereux, tu te rends compte un peu !
- Je me demande qui a bien pu faire une telle chose.
Lantier prit les branches et la grosse pointe, déposa le tout dans une benne. Il regarda sa femme, le visage blême.
- Viens chérie, reprenons notre marche.
Il ne leur reste que deux pâtés de maisons pour arriver à leur destination. Ils ne se sont pas aperçus qu'une voiture les suivait. Au carrefour, elle fonça sur eux.

Horrifié, Lantier poussa sa femme sur le bas côté, sans se soucier de ce 4x4 noir qui allait en une fraction de seconde le percuter.

A deux doigts d'une mort certaine, il cria en se protégeant le visage comme pour mieux se préparer à l'impact destructeur qu'il allait connaitre. Mais encore une fois, il perturba l'espace temps. La voiture se figea. Encore une fois, il prit conscience du potentiel de ses pouvoirs, sans vraiment les comprendre. Il acceptait juste que sa vie soit, pour une fois, à son avantage ! Et il compris de suite que ce 4x4 était bien le même, celui qui avait tué sa femme Laurence deux ans auparavent alors qu'elle se rendait, seule, chez madame de Fontenelle.

A cet instant précis, son seul objectif était de sauver sa femme bien aimé. Mais Lantier n'était pas né de la dernière pluie, il savait pertinemment que sauver sa femme aurait des conséquences sur le futur de son entourage et le sien, et que sa vie serait peut être totalement différente quelques années plus tard. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit les yeux au son de la voix de Laurence..
-ça va ma chérie ? Tu n'as rien ?
- non non, rassure toi , tout va bien...mais tu te rends compte, quel imbécile celui-ci, et il ne s'est même pas arrêté !!!!!

Ce véhicule, il le connaissait. Il l'a déjà vu. Ils arrivèrent chez madame de Fontenelle qui les accueillit avec sa bonne humeur. En pénétrant dans la maison après les civilités d'usage, ils virent Charles, le fils , assis dans un fauteuil, lisant un magazine.

Non loin de là rode un 4x4 noir.... Derrière les épais feuillages des arbres au fond de l'immense jardin, quelqu'un regarde....

Lantier essuie une énième goutte de sueur sur son front, il est nerveux. Les passagers à bord du 4x4 ne sont pas là par hasard, ils ont un compte a régler.
"Une dette non réglée ? Non, ma femme n'a jamais eu d'ennemis, c'est impossible..." pensa t'il.
La voix de Madame de Fontenelle le sort de ses sombres pensées
- Vous prendrez bien un peu de thé, Marcel ?....Marcel ?
- oh, pardon lui répondit ce dernier....oui oui, merci !
- Je vous trouve un peu ailleurs, des soucis, peut-être ?
- Non, non tout va bien, je vous remercie
A ce moment là, son regard croisât celui de Charles ....et il compris que.....

Charles était sans doute pour quelque chose dans l'incident du 4 x 4. Marcel était intervenu dans la relation qu'avait eu Aurore avec Charles quelques mois plus tôt, relation difficile, tempêtueuse, violente à l'excès où Charles, jaloux, avait frappé Aurore : il n'était pas si ange que cela.
Ce dernier le regarda d'un œil glacial et détourna la tête avec un rictus qui lui déforma son beau visage, car effectivement, Charles aurait pu être beau si son âme n'avait pas été si noire....Marcel en frissonnât et se leva d'un bon......

Son cœur battait la chamade, et dans un élan de folie, il se leva et empoigna l'avant bras de femme pour l'entrainer vers la sortie.
"Marcel !!! Que fais tu, arrêtes, tu me fais mal !" cria elle soudainement.
Charles, qui fit un pas en avant comme s'il voulait s'interposer, s'arrêta brusquement lorsque Marcel sorti de sa poche un opinel flambant neuf.

Madame de Fontenelle poussa un cri d'horreur qui fendit le silence inquiétant qui régnait dans cette demeure. Personne n'a pu l'entendre, le voisinage étant ici quasiment inexistant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard et dans le défi de leur regard, le renoncement n'avait pas sa place. Marcel lui dit :
- Vous avez voulu nous tuer ma femme et moi, vous ou la bande de tueurs qui travaillent pour vous. Je n'ai aucune aucune preuve de ce que j'avance mais je le sais. Ne vous mettez plus en travers de mon chemin. Il se tourna vers madame de Fontenelle.
- Pardon madame, il est préférable que nous prenions congé.
Ils sortirent. Il avait sauvé sa femme et se retrouvent maintenant dans le temps présent.

Marcel était un homme cultivé qui s’intéressait aux sciences. Et ce qu'il redoutait était arrivé. Son présent n'était plus le même que lorsque sa femme était décédée. Sa femme étant resté en vie, les choses étaient radicalement différentes.

La sonnerie de son portable le fit sursauter..car la dernière fois qu'il avait répondu c'était...mon Dieu, Aurore !!! Laissant son téléphone sonner,Il sortit de son bureau en courant et arriva sur le port où attendait Lestic et....Laurence !!! La bâche qui enveloppait sa fille n’avait pas bougée. Laurence prit la main de son mari et ils avancèrent vers le corps gisant sur le sol. Laurence frémit.
- Tu tiens le coup ma chérie ? Si tu veux, tu peux rester en arrière,
- Non, ça ira !
A quelques mètres de la forme ils s’arrêtèrent. Laurence mit un genou à terre pour être au plus près. Les yeux d’Aurore s’ouvrirent, fixèrent sa mère.
- Maman !
Laurence hurla :
- Mon bébé !
Le téléphone de Marcel sonna, il le prit et la même voix...
- alors Lantier ? ....ce petit voyage dans l'irréel ?
- quoi? Comment le savais vous ? ...
Cette voix ....il l'a déjà entendu, oui...mais pas au téléphone...cette voix c'est....
-Charles !! Espèce de fou ! Que nous voulez vous ?

Pendant ce temps, Aurore refermait les yeux et Laurence hurlait au désespoir de voir son bébé s'en aller à nouveau.

"Mon petit Lantier, sans ton opinel tu n'es rien, et je me ferais un plaisir de t'écraser. Qu'en dis tu ? Je te propose de me retrouver sur la route D6, borne 33 ce soir à 19h. Si tu refuses ou viens accompagné, je m'en prendrai à ta famille." rencherit il.

Lantier n'en veut pas de ce rendez vous. Bien au contraire, il échafaude un plan pour faire tomber Charles. Il se dirige vers sa femme.
- Laurence chérie, je vais devoir m'absenter. Pour l'heure nous allons nous occuper d'Aurore. Une equipe de médecins et la police arrivent. Occupe toi de cela, je reviens.
- Où vas-tu Marcel ?
- Je reviens...

Dix minutes plus tard une ambulance arriva accompagnée de la police, Aurore respirait péniblement mais elle était en vie.

Il quitta les lieux d'un pas décidé. Il empoigna son téléphone et passa un appel à ses deux amis les plus proches, Théo et Gregory.

"Les gars, j'ai besoin d'un service. Garez vous devant ma maison et faites en sorte que ma famille soit en sécurité, des gens leurs veulent du mal". Ni une ni deux, les deux amis de Marcel se mirent en route pour protéger les Lantier.

Vingt minutes plus tard il se garât devant un pavillon et sauta de sa voiture, il s'était pourtant juré de ne pas revenir vers son frère, ce frère tant aimé.....tant haït , mais Aurore avait besoin de lui.....sa famille avait besoin de lui !! Et rien ne l'empêcherait de tout faire pour sauver les siens !

- Bonjour Paul.
Paul dévisage son frère. Une barre marque le haut de ses sourcils tant la surprise le stupéfie.
- Je sais Paul. Cela fait longtemps. Mais j'ai besoin de toi.
- Entre.
Marcel s'installe dans un fauteuil
- Je t'écoute
- Aurore est en danger de mort. Charles veut la tuer. Tu te rappelles bien de Charles non ? C'était ton meilleur ami...

-Et maintenant mon pire ennemi.
-Aide moi à le stopper. Pour moi, pour notre famille.
-Cela fait longtemps que je ne fais plus partie de cette famille Marcel...
-Tu sais bien que tu seras toujours un Lantier. Vas tu m'aider ?
-Je suppose que oui.

Ni une ni deux, les deux hommes se dirigent vers la voiture garée devant l'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez vous.

"C'est parti." dit Paul

Mais un espion surveille la scène.....qui démarre et se met à suivre discrètement les deux frères qui dans la voiture n'échange pas un mot jusqu'à ce que Paul, n'y tenant plus assène à son frère en donnant un coup sur son volant.
- cinq ans que je n'ai pas de nouvelles ! Cinq années où je me suis demandé ce que j'avais bien pu faire pour être traité comme un pestiféré !! Alors ? ....Marcel reste silencieux
- Vas tu me répondre ?
- C'est malheureux que tu aies la mémoire si courte. Il y a cinq ans lorsque maman t'as mis à la porte parcequ'elle en avait plus qu'assez de te voir te droguer, elle était malade et n'en pouvait plus, alors elle a fait ce qu'une mère ne peut faire à son enfant, elle t'a renié et toi, toi, toi tu l'as traitée de salope, de garce de mère.
Paul se tait puis au bout d'un moment, les yeux pleins de larmes il se tourne vers Marcel en lui disant.
- Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu et c'est Charles qui me fournissait en drogues et de plus en plus fortes, sans rien me demander en échange. mais maintenant je commence à comprendre..
- Que dis-tu ? .....Charles? Ce même Charles qui a mis Aurore dans cet état ? ..
- Oui, ce Charles, le fils de Madame de Fontenelle qui l'adule et qui n'a rien voulu savoir à l'époque....
- Comment ça ? ....elle savait ?.... J'ai du mal à le croire !!
- Oui... Tu comprends maintenant ?

Un long silence perdura dans l'habitacle du véhicule. Les deux frères, qui roulaient maintenant depuis plus d'une demi heure, arrivaient sur les lieux du rendez vous. Ils étaient nerveux.
Tous feux éteints ils se garèrent non loin de la borne et attendirent en silence.....
- Paul, je...
- non Marcel pas maintenant !
- .......merci....merci d'être venu malgré ...
- mais bon sang vas tu la fermer, oui ? ...écoute..n'as-tu rien entendu ?
- C'était quoi ?
- Un bruit de portière...Oh ! Regarde là bas, c'est la voiture de Charles.

19 heures. Charles est exact au rendez-vous qu'il a fixé à Lantier. Après avoir pris un sac en cuir dans le coffre de son véhicule, il examine les alentours. Lantier lui fait un appel de phares pour lui montrer qu'il est bien là. D'un geste Charles lui fait signe de le rejoindre.
- Tu m'attends ici Paul, ne te montre pas, j'y vais seul.
Marcel Lantier sort de son véhicule et se dirige vers Charles. Il s'arrête à quelques mètres de lui. Les deux hommes se mesurent du regard, longuement. Marcel n'a qu'une envie, c'est de lui sauter à la gorge. Mais il sait qu'il doit ne rien faire. Pas maintenant.
- Je t'écoute lui lança-t-il !
- Tu es seul ?
- Oui.
Charles lui lance le sac.
- Regarde !
Marcel ouvre le sac. A l'intérieur un album de photos
- Ouvre-le à la troisièle page.
Marcel s'éxécute. A la troisième page, une seule photo en format A4. Il reconnait non sans peine son père et sa mère, lui-même à l'âge de 7 ans et à ses côtés, lui tenant la main, un garçon à peine plus âgé que lui. Il regarde longuement la photo. Puis, le visage blème, il regarde Charles. Ce garçon à ses côtés, il vient de le reconnaître. Cela fait si longtemps. Ce n'est pas Paul son frère...
- C'est toi Charles, ce garçon ?...
- oui c'est moi ! Enfin.......c'était moi ce petit garçon qui croyait à l'amour de ces parents, qui croyait faire partie de cette famille ! Mais quelle désillusion, quand au fil du temps je me suis rendu compte de la différence que nos parents, que dis-je de TES parents faisaient entre nous ! Ah oui, le beau Marcel, le bon Marcel, le gentil Marcel !!! ...Charles ne parlaient plus, il hurlait sa haine !!!
- Charles, arrête !! Je n'y comprend rien !!! ...toi mon frère ????
- Oui ton frère mais... pas complètement !
- Comment cela ?
- Ton père est notre père à tous les deux quant à ma mère, nous n'avons pas la même...
- Madame de Fontenelle ?
- Oui c'est ma mère et je suis le produit d'un adultère et ta mère n'a pas voulu de moi. Notre père en a souffert et maman aussi mais pas la tienne !...
- quoi? ....mais que me racontes-tu là ?.....notre père avec ....non, non, non !! Impossible!
En fait, tu me racontes des histoires, hein ? ....dis moi que c'est ça ! Tu veux gagner du temps, hein? ....Marcel saisit Charles par le col ,le secoue jusqu'au moment où il aperçoit Paul avec l'album entre les mains....
- Charles à raison dit Paul à Marcel.
Il regarde Charles et dit :
- Je temps qu'il est grand temps de mettre Marcel au courant.
Puis il se tourne vers son frère.
Papa est notre père à tous les trois. Maman est notre maman mais pas celle de Charles. Papa a eu une relation avec sa véritable mère madame de Fontenelle, cinq ans après ta naissance. Papa ne l'a pas reconnu, maman s'étant opposée à cette reconnaissance. Charles a vécu avec sa mère, ne voyant son père que très rarement, pour ainsi dire jamais. Maman est devenue folle. J'ai traversé une mauvaise passe, je me suis drogué, Charles me fournissait.
- Mais pourquoi s'en est-il pris à Aurore ?... Car Aurore est un don du ciel, la beauté, la douceur, l'intelligence incarnée ! ...enfin tout quoi, tout et Aurore....
- .Aurore a rejeté l'amour de Charles et....
- Oui !! ....
Le cri de Charles les font sursauter..
- Elle aussi m'a rejeté, pourtant elle ne sait rien de tout cela, j'ai cru qu'elle m'aimait, elle était si gentille, si agréable, nous rigolions bien, nous étions si bien ensemble que quand elle m'a proposé de faire une escapade, je n'en revenais pas ! J'étais le plus heureux des hommes, je me suis dis que se serait à ce moment là que je lui crierais mon amour ! .....
- Mais pourquoi lui as-tu infligé cette torture, lui demande Marcel.
Charles se tait. Il rassemble ses idées. Ses yeux sont dans le vague et leurs mouvements montrent qu'il réfléchit. Au bout d'un moment, il se tourne vers Charles.
- Il y a un mois environ elle m'a dit :
- C'est fou comme tu ressembles à mon grand-père ! Tu as les mêmes yeux que lui, le même sourire, cette façon de te déhancher lorsque tu marches, le sourire est identique. Je me suis demandée si tu n'étais pas son fils !
- A ce moment poursuit Charles, j'ai compris que Laurence ne pourrait jamais être ma femme car elle est ta fille, je suis ton demi-frère, elle est donc ma, comment dire, ma demi-nièce, tu comprends ? Nous avons le même sang elle et moi ! Et puis, elle s'est acharnée sur cette idée, tous les jours elle me reparlait de cela. Elle était obsédée par cette idée. Je ne savais plus quoi lui répondre. Je ne voulais pas la perdre et en même temps je souhaitais qu'elle me quitte. Quel dilème dans ma tête ! Que dire ? Que faire ? Alors, je l'ai droguée, à son insu. J'ai pris moi aussi de la drogue, plus fort de jour en jour et j'ai littéralement éclaté. Je l'ai enlevée. Je suis devenu fou et j'ai voulu la tuer, en faisant en sorte que ce meurtre soit celui d'un malade.
Charles se tait un instant. Puis il reprend.
- Ma mère m'a donné cette idée et j'ai manigancé toute cette histoire. Laurence ne va pas mourir. Je n'ai pas eu le courage de lui donner la dernière dose mortelle. Elle va s'en sortir, crois moi. Je regrette, pardonne moi.

Ainsi se termine cette histoire somme toute banale pour certains, horrible pour d'autres. Pouvons-nous en tirer une morale ? Sans doute. Pour ma part, je dirai que la vie a le mérite d'être vécue, quelles qu'en soient les ciirconstances...

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Bettyoups
Bettyoups 05/07/2015 à 02h17

Très bonne fin, Oss ! Merci à tous d'avoir participé à cette histoire ! Maintenant, si le coeur vous en dit d'en commencer une autre, c'est avec plaisir ! Alors, qui se lance ?

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Johan404
Johan404 06/07/2015 à 11h35

Bravo à tous !
J'ai adoré cette collaboration narrative, on y trouve plusieurs styles différents mais ça n'enlève en rien de la qualité à notre récit.

Prêt pour la suivante

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Oss
Oss 06/07/2015 à 11h52

Marina apprécie énormément faire le marché. Elle s'y rend chaque samedi, rituellement vers 10 heures, dans la grande rue de son village niché à flanc de montagne. Elle rencontre avec plaisir les habitants qui la reconnaissent pour échanger avec eux des nouvelles banales portant sur la famille, les voisins, le travail... Devant l'étal de son marchand de légumes préféré, un jeune portugais, elle choisit ses légumes se disant que pour midi, elle ferait bien...

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Johan404
Johan404 06/07/2015 à 13h03

Marina apprécie énormément faire le marché. Elle s'y rend chaque samedi, rituellement vers 10 heures, dans la grande rue de son village niché à flanc de montagne. Elle rencontre avec plaisir les habitants qui la reconnaissent pour échanger avec eux des nouvelles banales portant sur la famille, les voisins, le travail... Devant l'étal de son marchand de légumes préféré, un jeune portugais, elle choisit ses légumes se disant que pour midi, elle ferait bien un potage bonne femme.

Le simple fait d'imaginer ce mélange de saveur l'enivre au plus au point.
Elle lance un regard timide au jeune homme à côté d'elle et lance maladroitement : "Eu..eumh, vous venez souvent ici ?"

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Bettyoups
Bettyoups 06/07/2015 à 15h30

Oh chouette !!

Marina apprécie énormément faire le marché. Elle s'y rend chaque samedi, rituellement vers 10 heures, dans la grande rue de son village niché à flanc de montagne. Elle rencontre avec plaisir les habitants qui la reconnaissent pour échanger avec eux des nouvelles banales portant sur la famille, les voisins, le travail... Devant l'étal de son marchand de légumes préféré, un jeune portugais, elle choisit ses légumes se disant que pour midi, elle ferait bien un potage bonne femme.

Le simple fait d'imaginer ce mélange de saveur l'enivre au plus au point.
Elle lance un regard timide au jeune homme à côté d'elle et lance maladroitement : "Eu..eumh, vous venez souvent ici ?"
- non, c'est la premiere fois ...en fait je viens d'arriver, donc je découvre le coin .
- ah , alors bienvenue et en tout cas, vous commencez bien la découverte car ce jeune homme qui est devant nous, propose sa propre production et vous pouvez me croire c'est un vrai plaisir du palais !
Le vendeur est aux anges et s'exclame :
- Tenez et goûtez mon jus d'orange , vous m'en direz des nouvelles !
- Et vous chère Madame, comment vous remercier de votre fidélité ?

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Oss
Oss 06/07/2015 à 16h30

Maliko, peux-tu revoir ton dialogue? Nous avions 2 personnages Maina et le jeune portugais et il me semble que tu as introduit un 3eme. Je me trompe peut être non ? Merci à toi

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Bettyoups
Bettyoups 06/07/2015 à 16h53

Oui, je pense que le jeune homme à côté d'elle est un chaland qu'elle interpelle...

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Oss
Oss 06/07/2015 à 16h56

Ok merci à toi Mmaliko

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Oss
Oss 21/07/2015 à 01h47

Marina apprécie énormément faire le marché. Elle s'y rend chaque samedi, rituellement vers 10 heures, dans la grande rue de son village niché à flanc de montagne. Elle rencontre avec plaisir les habitants qui la reconnaissent pour échanger avec eux des nouvelles banales portant sur la famille, les voisins, le travail... Devant l'étal de son marchand de légumes préféré, un jeune portugais, elle choisit ses légumes se disant que pour midi, elle ferait bien un potage bonne femme.

Le simple fait d'imaginer ce mélange de saveur l'enivre au plus au point. 
Elle lance un regard timide au jeune homme à côté d'elle et lance maladroitement : "Eu..eumh, vous venez souvent ici ?"
- non, c'est la premiere fois ...en fait je viens d'arriver, donc je découvre le coin .
- ah , alors bienvenue et en tout cas, vous commencez bien la découverte car ce jeune homme qui est devant nous, propose sa propre production et vous pouvez me croire c'est un vrai plaisir du palais ! 
Le vendeur est aux anges et s'exclame :
- Tenez et goûtez mon jus d'orange , vous m'en direz des nouvelles !
- Et vous chère Madame, comment vous remercier de votre fidélité ?
- Simplement en nous proposant la meilleure qualité pour vos produits !
Marina paye, rassemble ses paquets qu'elle dépose dans son large papier. Cette nuit, elle a fait un rêve étrange. Elle se voyait recevoir un gros lot de deux millions d'euros pour avoir gagné au loto. Elle se souvient des numéros sortis : le 5, le 12, le 24, le 31 mais sa mémoire lui fait défaut pour le dernier nombre et le complémentaire. Légèrement superstitieuse, elle décide de jouer ces numéros et entre dans le bar...

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Bettyoups
Bettyoups 21/07/2015 à 08h45

Marina apprécie énormément faire le marché. Elle s'y rend chaque samedi, rituellement vers 10 heures, dans la grande rue de son village niché à flanc de montagne. Elle rencontre avec plaisir les habitants qui la reconnaissent pour échanger avec eux des nouvelles banales portant sur la famille, les voisins, le travail... Devant l'étal de son marchand de légumes préféré, un jeune portugais, elle choisit ses légumes se disant que pour midi, elle ferait bien un potage bonne femme.

Le simple fait d'imaginer ce mélange de saveur l'enivre au plus au point.
Elle lance un regard timide au jeune homme à côté d'elle et lance maladroitement : "Eu..eumh, vous venez souvent ici ?"
- non, c'est la premiere fois ...en fait je viens d'arriver, donc je découvre le coin .
- ah , alors bienvenue et en tout cas, vous commencez bien la découverte car ce jeune homme qui est devant nous, propose sa propre production et vous pouvez me croire c'est un vrai plaisir du palais !
Le vendeur est aux anges et s'exclame :
- Tenez et goûtez mon jus d'orange , vous m'en direz des nouvelles !
- Et vous chère Madame, comment vous remercier de votre fidélité ?
- Simplement en nous proposant la meilleure qualité pour vos produits !
Marina paye, rassemble ses paquets qu'elle dépose dans son large papier. Cette nuit, elle a fait un rêve étrange. Elle se voyait recevoir un gros lot de deux millions d'euros pour avoir gagné au loto. Elle se souvient des numéros sortis : le 5, le 12, le 24, le 31 mais sa mémoire lui fait défaut pour le dernier nombre et le complémentaire. Légèrement superstitieuse, elle décide de jouer ces numéros et entre dans le bar...
Au comptoir, Michel le patron ,la salue d'un franc bonjour.
- eh bonjour la dame de mon coeur ! Marina, sachant à qui elle a , à faire n'en prend pas ombrage et lui rend son salue en souriant .
- bonjour bonjour , Michel , j'aimerai un petit verre de rosé et...
- oui oui, comme tous les jours de marché à ta table préférée et..
- oui et donne moi s'il te plaît des tickets de loto , l'interrompre t'elle .
- et c'est parti pour un rosé bien frais pour la future millionnaire, s'exclame Michel .
Marina sourit et laisse son regard divaguer sur le flot des passants.....

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Oss
Oss 25/07/2015 à 18h15

Marina apprécie énormément faire le marché. Elle s'y rend chaque samedi, rituellement vers 10 heures, dans la grande rue de son village niché à flanc de montagne. Elle rencontre avec plaisir les habitants qui la reconnaissent pour échanger avec eux des nouvelles banales portant sur la famille, les voisins, le travail... Devant l'étal de son marchand de légumes préféré, un jeune portugais, elle choisit ses légumes se disant que pour midi, elle ferait bien un potage bonne femme.

Le simple fait d'imaginer ce mélange de saveur l'enivre au plus au point.
Elle lance un regard timide au jeune homme à côté d'elle et lance maladroitement : "Eu..eumh, vous venez souvent ici ?"
- non, c'est la premiere fois ...en fait je viens d'arriver, donc je découvre le coin .
- ah , alors bienvenue et en tout cas, vous commencez bien la découverte car ce jeune homme qui est devant nous, propose sa propre production et vous pouvez me croire c'est un vrai plaisir du palais !
Le vendeur est aux anges et s'exclame :
- Tenez et goûtez mon jus d'orange , vous m'en direz des nouvelles !
- Et vous chère Madame, comment vous remercier de votre fidélité ?
- Simplement en nous proposant la meilleure qualité pour vos produits !
Marina paye, rassemble ses paquets qu'elle dépose dans son large papier. Cette nuit, elle a fait un rêve étrange. Elle se voyait recevoir un gros lot de deux millions d'euros pour avoir gagné au loto. Elle se souvient des numéros sortis : le 5, le 12, le 24, le 31 mais sa mémoire lui fait défaut pour le dernier nombre et le complémentaire. Légèrement superstitieuse, elle décide de jouer ces numéros et entre dans le bar...
Au comptoir, Michel le patron la salue d'un franc bonjour.
- Eh bonjour la dame de mon coeur !
Marina, sachant à qui elle a à faire n'en prend pas ombrage et lui rend son salue en souriant .
- Bonjour bonjour , Michel , j'aimerais un petit verre de rosé et...
- Oui oui, comme tous les jours de marché à ta table préférée !
- Oui et donne moi s'il te plaît des tickets de loto , l'interrompt-elle.
- Et c'est parti pour un rosé bien frais pour la future millionnaire, s'exclame Michel .
Marina sourit et laisse son regard divaguer sur le flot des passants... 40 ans, mariée puis divorcée depuis peu, ses deux ados à la maison, un travail de commercial, toutefois précaire, elle essaye d’avoir une vie normale malgré les soucis qu’elle rencontre dans son quotidien. Elle inscrit les nombres qu’elle a retenu, lève la tête pour réfléchir à ceux qu’il lui manque lorsque son regard se porte sur l’homme qui vient de pénétrer dans le bar. Elle est tétanisée, tremble de tout son long et…

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