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Alina Mababe
La main qui étreint…
La ville de Diégo Suarez et son port, se situe au nord de l’île de Madagascar, dans une baie immense qui est qualifiée de deuxième après celle de Rio de Janeiro, tant par sa superficie que par sa beauté.
Dans sa partie sud, la ville est entourée de montagne (800 à 1200 m), à l’accès difficile. Un village, Joffreville, de quelques âmes faisait figure de station de repos, grâce à son climat plus sain et plus frais que celui de Diégo Suarez. Ainsi, les troupes venaient fréquemment se reposer sur les flancs de la montagne d’Ambre où se situe ce village.
De là, partent plusieurs pistes de randonnées pédestres à travers une végétation luxuriante, fraîche où le mot « avancer » peut faire partie, parfois, de techniques particulières, orchestrées par le maniement de machettes…
L’une de ces pistes conduit à une cascade dont, et pardonnez-moi, ma mémoire me fait défaut car je ne souviens plus de son nom… Depuis Joffreville jusqu’à la cascade, il fallait compter 5 à 6 h de marche.
Par contre, ce dont je me souviens c’est la légende d’un arbre étrange, particulièrement angoissant lorsqu’on l’observe ; lorsque je l’ai vu la première fois, je me souviens d’avoir respecté à la lettre les consignes qu’un guide malgache nous avait données, à savoir : le respect le plus total vis-à-vis de cet arbre, ne rien cueillir, ne rien inscrire sur le tronc, le silence pour cet endroit et ne pas emporter d’objet de toutes sortes posés à même le sol.
Je m’explique :
Imaginez un arbre d’une trentaine de mètres de haut, majestueux, très feuillu, au tronc de 2 m de diamètre (à l’époque !), entouré d’autres arbres plus chétifs, placé au fond d’un ravin d’une dizaine de mètres de profondeur. De ses hautes branches pendent des lianes, telle la chevelure d’un quelconque Titan. Je disais angoissant car le silence qui entoure cet arbre est impressionnant : les oiseaux ne viennent pas, tout comme les insectes chantant et pourtant il y a bien une espèce de vie car la brise légère octroie au feuillage des arbres, une danse légère et envoûtante…
Une liane venant du fond du ravin, glisse le long du tronc, se sépare en cinq tiges dont 4 vont d’un côté du tronc et la 5ème, de l’autre côté comme le ferait une main géante avec 4 doigts d’un côté et le pouce de l’autre, enserrant ainsi le tronc ! « La main qui étreint » est là, devant moi, belle et terrifiante, témoignage et respect de la nature. Et cet endroit est sacré ! Des branches et également du tronc, sont suspendues des lanières de tissus décolorées par le temps, au pied de l’arbre sont déposées des boîtes dans lesquelles des messages sont emprisonnés, des bouteilles de divers alcools locaux, des ossements de zébus sacrifiés, crânes pour la plupart. C’est un véritable dépôt que seule la rouille permet la destruction et la disparition des boites en fer ou canettes.
Ces offrandes font l’objet de vœux émis par des personnes, vous et moi, vœux pour guérir, pour retrouver une vie meilleure, pour trouver un travail. Et vu la quantité d’objets déposés, de lanières de tissus, etc… on pourrait se dire que la foi en la bonté divine, spirituelle ou tout simplement une croyance démoniaque, permet d’apporter aux malheureux un peu de bonheur. Sauf que…
Sauf que, toutes ces oboles ne sont déposées là qu’après avoir effectivement reçu ce que l’on était venu demander : un travail trouvé, un mariage, un voyage effectué etc… Autrement dit, lorsque vous demandez à l’arbre d’exaucer votre vœu vous dites en même temps ce que vous offrirez si le vœu est accompli : je promets la tête d’un zébu si mon épouse guérit, par exemple. Et si, effectivement, elle guérit, vous venez apporter votre obole. Sinon…
Sinon, si vous ne le faites pas, l’arbre et la main se retourneront contre vous… et malheur à vous ! Donc, avant de déposer son vœu, soyons certains d’y revenir dans le cas où il y aurait une bienveillance de la part de la « Main qui étreint ».
C’est ainsi, qu’à mon époque (1966 – 196, une malgache m’avait rapporté l’histoire suivante : 2 militaires s’étaient présentés devant l’arbre et avaient fait le vœu qu’à leur retour en métropole, ils souhaiteraient se marier avec une belle et saine femme. Ils se marièrent, oui, mais ne sont jamais retournés déposer leur offrande à la « Main qui étreint ». Le régiment dans lequel ils servaient avait enregistré leur décès survenu le même jour, dans des endroits différents, mais dans la même circonstance : un accident de moto…
Je ne peux vous confirmer la véracité de cette tragédie mais cela se disait, à mon époque, et confirmé par plusieurs personnes…
Les photos qui illustrent mon propos proviennent de ma collection personnelle. Copiez-les dans un nouvel onglet pour mieux les voir.
Houlala, julie93 est en colère !
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