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L'HERMIIONE - 3EME PARTIE : discussion

Oss
Oss le 21/11/2022 à 12h38
L’HERMIONE - 3EME PARTIE

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Afin d’armer les gréements, les haubans, les mâts, les vergues, les lignes d’amarrage … d’un navire, il fallait fabriquer des cordages, de différents diamètres et différentes longueurs. Mais il n’était pas question pour des cordages de grandes longueurs, d’en relier deux d’entre eux, au risque d’avoir, en mer, une catastrophe avec des aussières qui se rompent du fait d’une mauvaise solidité. Une encablure de cordage représente environ 190 m. Il fallait donc construire un bâtiment dans lequel on pourrait fabriquer l’armement des navires construits ici même et pouvoir fabriquer des cordages de grandes longueurs.

Nous sommes en 1666. Colbert du Terron (cousin du ministre de la guerre Colbert), et l’ingénieur Blondel établirent les plans du futur bâtiment, la Corderie Royale. Louis XIV avait bien précisé qu’il voulait que l’arsenal soit, dans sa totalité, une splendeur !

L’emplacement fut trouvé, le long de la Charente et non loin, bien évidemment, des formes de construction des navires.

En premier lieu, les deux hommes sondèrent le terrain et, ce qu’ils redoutaient s’avéra : un terrain marécageux, fait de terre arable et de glaise. Les sondages ne purent atteindre le sol ferme. Aucune fondation ne pourrait supporter le poids d’un tel bâtiment sur un tel terrain, sans le voir s’écrouler en quelques années. Ils décidèrent donc d’asseoir le bâtiment sur un quadrillage de bois de chêne de 30 centimètres de section, le radier. De nos jours, ce bâtiment repose toujours sur ses fondations d’origine.

2 000 hommes travaillèrent à la construction de ce remarquable édifice (700 par jour), qui fut l’une des premières usines à fabriquer des cordages de très grandes longueur car les techniques développées furent exceptionnelles. Il mesure 374 mètres de long, 10 mètres de large et fut construit en trois ans. On y fabriqua les cordages de la Marine durant 200 ans. Notez toutefois que l’ensemble des cordages d’un navire important, à cette époque, représentait près de 100 kilomètres de cordages…
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La matière première d’un cordage est le chanvre, plus exactement le fil de chanvre. Il provenait de cultures françaises (d’Auvergne et de Bretagne) mais également d’Espagne et des rivages de la mer Baltique (Riga).

Le chanvre subissait de nombreux contrôles et examens par le maître cordier et le commissaire de la Corderie (déceler les malfaçons, les mauvais envois etc). Puis, le chanvre était battu par les espadeurs pour le débarrasser des poussières. Ensuite, il était peigné : peigne à dégrossir et peigne à affiner. Puis les fileurs le tissaient. Par la suite, le cordage subissait l’épreuve du goudron qui permettait de l’imperméabiliser contre les embruns. puis les fileurs le tissaient.
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Il faut s’imaginer un brin de chanvre entre vos doigts. Il mesure une dizaine de centimètres. Pour le préparer au filage, il faut donc placer les filaments, les uns au bout des autres et le filer en un fil de caret manœuvre réaliser grâce à un moulin à filer. C’est ce fil qui permettra de commettre plusieurs fils ensemble pour réaliser un premier cordage : le toron. Ceux-ci étaient à nouveau commis ensemble pour fabriquer une aussière… La machine à commettre utilisait des fils de chanvre de 300 mètres de long et, une fois réalisé, le cordage ne mesurait plus que 200 mètres… A la fin de l’année 1670, les magasins où était entreposé le chanvre, avoisinait les 10 000 quintaux.

Les façades de la Corderie sont faites avec les pierres de taille de la carrière de Crazannes, située à quelques kilomètres de Rochefort, ce qui donne à l’ensemble ce bel aspect laiteux de la pierre. Le toit était fait d’ardoises. Les chapiteaux des fenêtres étaient de formes différentes : un triangle pour l’une, un arc de cercle pour l’autre et ainsi de suite.

Bien évidemment, à Rochefort, se trouvèrent des ennemis de Colbert et du Roi qui s’insurgeaient contre les sommes folles que nécessitait la construction de la Corderie. Malgré les rapports du Contrôleur Général des Finances qui garantissait le budget de la France, les critiques furent de plus en plus graves.

Après les heures de gloire que connut la Corderie Royale, le vent de la mort vint souffler sur ses murs et son Histoire. La Deuxième Guerre Mondiale s’y installa et les Allemands prirent possession de l’arsenal et de Rochefort. Leurs navires font escale, se ravitaillent et subissent les réparations. Ce sont principalement des bâtiments d’escorte pour leurs sous-marins basés à La Pallice (La Rochelle).

En 1944, lors de la débâcle, ils incendièrent les principaux établissements de l’arsenal et la Corderie Royale n’est pas épargnée. Seuls ses murs demeurèrent, droits, alignés, sans toits ni charpentes, comme pour dire à la génération qui suit : « voilà ce à quoi j’ai servi, voilà ce que j’ai fait grâce à des hommes illustres et je vous laisse désormais mon squelette. Essayez d’entre soin. »
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La génération qui a suivi a été formidable et les marins de cette époque (dont j’étais), ont apporté leur contribution au renouveau de l’Histoire de Rochefort et permettre à l’Hermione de renaître...
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Bettyoups
Bettyoups 21/11/2022 à 12h46

Merci OSS ! J'ai vu récemment un reportage sur la corderie royale, très intéressant; il faudrait que tu vois avec mababe pour changer le titre de de troisième volet ...

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Oss
Oss 21/11/2022 à 12h52

Oui, merci, je suis allé trop vite...

Lorsque j'aurai fini ce reportage, je mettrai une vidéo pour presenter l'arsenal

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Dany80
Dany80 21/11/2022 à 13h56

super oss, merci pour ce beau reportage de la 3ème partie, que j'ai eu grand plaisir à lire !

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