Jeanphilip6
le 26/11/2018 à 15h31
« Toucher une personne avec sa gentillesse peut la changer pour toujours »
Mike Dooley
Jadis valorisée comme une vertu, la gentillesse est aujourd’hui bien souvent considérée comme un signe de faiblesse, voire confondue avec des notions telles que la naïveté ou la mièvrerie : la gentillesse fait l’objet de moqueries, de cynisme. Pour autant, derrière ses apparences de simplicité, se cache une qualité efficace, stratégique bien loin des facettes que l’on tend à lui prêter habituellement. Cette disposition, avec d’autres notions telles que l’empathie, la gratitude ou la bienveillance, fait partie des nombreux champs d’étude actuels de la psychologie positive.
Sommes-nous tous bons par nature ? Les recherches actuelles tendraient à répondre par l’affirmative. En effet, il a été découvert que de nombreux êtres humains sont porteurs de gènes munis de récepteurs spécifiques à l’ocytocine et la vasopressine, deux hormones formidables qui sont directement impliquées dans les démonstrations d’amour et de générosité quand elles sont répandues dans le cerveau. Par conséquent, ces gènes conditionnent-ils leurs propriétaires à devenir de bonnes personnes ? Non. Il s’avère que de nombreux facteurs (environnementaux, sociaux-éducatifs….) sont tout aussi déterminants et jouent un rôle fondamental dans les dispositions sociales (ou antisociales) que nous sommes amenés à développer.
L’intérêt actuel pour des notions telles que la gentillesse est mû par le fait qu’il s’agit de véritables portes d’entrée pour notre bien-être.
Fondamentalement le terme gentillesse renvoie au fait d’agir envers autrui en faisant preuve de bonté et d’amabilité, avec l’ambition de ne vouloir blesser quiconque. Elle suppose une sensibilité à autrui, une capacité à s’identifier à lui, à se mettre à sa place. Elle témoigne d’un comportement gratuit altruiste et peut être considérée à cet égard comme une disposition parfaitement pro-sociale. Elle contribue alors à renforcer l’affirmation de soi. Par ailleurs, s’adonner à un acte de bonté constituerait une véritable source de mieux-être (à partir du moment où il est fait avec honnêteté).
Agir bénévolement, avec compassion, c’est agir en mobilisant des émotions positives. Depuis longtemps, de nombreux penseurs et philosophes, dont Aristote pour ne citer que lui, ont mis en avant qu’agir avec bonté envers autrui était la base d’une vie de qualité, bien vécue. Des études récentes confirment que le fait de se concentrer (quelques minutes de méditation par jour) sur des émotions positives, et notamment des émotions pro-sociales (dirigées vers autrui) permettrait d’appréhender les difficultés, et les conflits plus facilement. Ainsi, cultiver sa propension à la gentillesse, c’est vivre mieux, générer des comportements positifs et bienveillants en retour, c’est se doter d’une capacité à générer cher les autres des évaluations positives de vous-même. Des programmes assez courts de méditation basée sur la gentillesse et directement inspirés des pratiques anciennes du bouddhisme ont fait leurs preuves à cet égard.
Nous évoluons dans une société toujours plus déshumanisée, qui nous éloigne inexorablement de nos valeurs (fraternité, authenticité, solidarité…). Notre quotidien nous impose un rythme de travail aliénant, nous asphyxie d’images trompeuses et nous impose des idéaux pré-formatés. Beaucoup viennent alors à confondre prestige et réussite.
Il semble alors que dans un tel contexte, développer sa gentillesse et agrémenter son quotidien d’actes de bonté, gratuits et pleinement humains, s’avère plus que nécessaire.
