Oss
05/02/2020 à 14h23
Ce matin, je suis allé voir ma Vie. Dans un immense bâtiment, une salle d'attente pleine à craquer. Pas un siège de libre. Les guichets de renseignements étaient engorgés. Certaines personnes étaient assises à même le sol, l'air pensif, les yeux qui regardaient le vide, en espérant.
Des hommes, des femmes, des vieux, des moins vieux, des jeunes et des moins jeunes composaient cette foule.
L'impatience n'habitait pas leur visage. Pour beaucoup d'entre eux, c'est une espèce de résignation qui s'était posée sur leur visage, un masque sidérant. Certains étaient joyeux, contents de leur sort. D'autres pleuraient en silence comme pour s'excuser. Quelques uns montraient au contraire, une joie de vivre, satisfaits de leur état. Ce n'était pas les plus nombreux.
Me faufilant entre les personnes, je me suis attaché à écouter ceux qui parlaient.
Une toute jeune fille faisait part de son anxiété de vouloir faire du sport, tant l'actualité était présente. Une jeune femme ne comprenait pas pourquoi on la rejetait de sa famille ; pourtant elle semblait bien accepter son homosexualité.
Un brouhaha surgit au fond de la salle. Je me suis approché. Deux personnes se lançaient au visage des insanités, des mots terribles où la tolérance n'était pas de mise, où le vivre ensemble était rejeté. Elles ont failli en venir aux mains et furent séparées.
Une femme vêtue d'un voile noir, de la tête aux pieds, avançait sans bruit, sans bousculer, sans se retourner. Elle montrait sa volonté d'avancer mais quelqu'un l'a arrêtée et la sortie de la salle. Il y a eu un grand bruit dehors.
Sur une table,, une chaise avait été posée et un homme se tenait debout, une corde autour du cou et fixée à une poutre. Il tenait dans ses bras une gerbe de paille. Des bras se tendaient vers lui et des cris scandaient : non non non fais pas ça !
J'ai croisé une femme le visage tuméfié et en sang. Elle marmonnait entre ses dents : salaud, fumier
Je ne compte pas les jeunes que j'ai rencontrés les bras parsemés de points noirs, bleus, rougis. Certains avaient des bras lezardés, d'autres les yeux enfoncés dans leurs orbites et surtout, étaient nombreux ceux qui déambulaient, agards, ivres.
J'ai joué des coudes pour me rendre à l'un des nombreux guichets sans espoirs d'y arriver tant il y avait du monde. Je souhaitais me renseigner sur cette vie qu'il me restait à vivre, savoir si tout sera rose pour moi, si je n'aurais pas de difficultés, si ma santé me permettra de rêver à mes espoirs. Si...
Je ne sais pas si c'est Dieu lui même ou mon ange gardien qui m'a sorti de cette salle. Je me suis retrouvé dehors. J'ai regardé le soleil et je sais désormais que ma vie m'appartient et que je dois attendre l'espoir que de moi même......
