Brasserie Des Intrêts

Parfois le service enjolive un met ordinaire, là c'est le contraire. Le serveur, look débraillé, qui nous accueille à deux, nous propose une table près des vitres ou plus à l'intérieur; une réflexion fulgurante traverse mon esprit : une table ronde avec chéri à mon côté, près de la vitre, où les yeux dans les yeux à une table carrée à l'intérieur? Comme une seconde d'hésitation l'irrite, le serveur nous répète comme à des crétins quelque chose comme "devant c'est devant, derrière c'est derrière". Nous optons pour devant. La serveuse qui nous conduit enlève deux des quatre couverts déjà disposés, laissant ceux dos à la vitre avec vue plongeante sur l'escalier qui mène aux W.C. Nous nous asseyons quand même face à la vitre et ré disposons les couverts. Elle acquiesce. Un troisième serveur vient prendre la commande. Nous commandons un osso bucco et des lasagnes de magret de canard au Beaufort. Un quatrième serveur apporte les plats; au client de se débrouiller pour ouvrir seul, sans se brûler et sans rien renverser sur la table, le couvercle de métal chaud de la cocotte Le Creuset qui renferme l'osso bucco. Les pâtes d'accompagnement sont dans un petit bol à par. Mon compagnon finit par s'en sortir, mélange la viande à l'accompagnement sur l'assiette de présentation, et là s'arrête le cauchemar: les mets sont succulents, chauds, fondants... La salade qui accompagne les lasagnes est réveillée d'un filet de citron qui réveille les papilles qui rêvaient dans le goût du canard... A la fin du repas on se demande comment le chef peut continuer à végéter dans cet établissement et on espère que la saisonnière étrangère verra son volontarisme récompensée ailleurs à l'année prochaine...

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