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Un peu d'évasion dans les Dom-Tom : discussion - Page 2

Bettyoups
Bettyoups 05/05/2015 à 10h01

Ah ça c'est sûr! En tout cas respect pour ces sportifs!

  • Ambassadeur
  • Smile

Oss
Oss 16/08/2015 à 19h28

Un voyage dans le rêve?. Avril 197?.



Ce matin, j?ai fait mon sac rapidement pour partir en mission pour dix jours. Il est 6 heures. Je quitte ma chambre, ferme à double tour la porte de mon faré. Le soleil se lève à peine. A l?est, le ciel rougeoie et fait avec le ciel encore noir un mélange de couleurs où se disputent l?oranger, le jaune, le violet parfois le vert. Mais je sais que rapidement le bleu dominera et sera maître de ce combat, toutefois agréable et au combien féerique à contempler.

Je me dirige rapidement vers les quais. Je n?ai pas pris mon petit-déjeuner, je le ferai à bord. Cette mission a été décidée dans la semaine. C?est une mission de représentation et d?assistance traditionnelles de la France pour ses colonies et, en l?occurrence, je pars pour l?archipel des Iles Gambiers distant d?environ 1 100 km de l?atoll de Mururoa où je suis basé. Je suis impatient d?embarquer et j?ai le c?ur en émoi. Je sais que ce sera un voyage sans histoire. Seule la météo pourrait nous causer des ennuis. Nous verrons bien. Le marin ne s?arrête jamais à ces détails.

[photo=[Lien]

Le remorqueur côtier est là, dans sa robe grise, amarré au quai, attendant patiemment que les hommes du bord finissent leurs préparatifs en vue de l?appareillage. J?entends le bruit caractéristique des moteurs au repos. Le chuintement qui sort des écoutilles me fait savoir que le bâtiment est près pour le départ. Je monte la coupée et salue la poupe (l?arrière où flotte le pavillon national que l?on salue en montant et en descendant du navire). Le commandant m?accueille et me désigne mes quartiers que je partagerai avec deux autres collègues. Bannettes superposées, étroites.

Le petit déjeuner est vite avalé. Je monte à la passerelle. Le commandant me précise ma position au poste de combat ainsi qu?à la man?uvre et me définit mes heures de quart de nuit. Un message nous apprend que nous devons retarder l?appareillage de quelques heures. L?un des officiers qui doit embarquer aussi arrivera vers midi. Il faut patienter. J?en profite pour regarder les cartes de navigation et la route déjà tracée par le maître timonier.

12 h ? nous déjeunons au carré. A chaque appareillage, j?ai l?estomac noué. C?est ainsi et j?en connais la cause. Ce ne sera pas la faute au roulis ou au tangage mais aux odeurs de mazout qui se dégagent du navire. Cette odeur est partout. Elle entre dans les cuisines, les chambrées, les coursives, en vous. Je sais que je vais être malade les deux premières heures et ensuite se sera fini. Même par grosse mer je pourrai tenir. Il suffit simplement à mon estomac et mon foie de s?acclimater? et au cerveau aussi?

14 h ? nous appareillons. Les aussières sont larguées, le navire s?écarte lentement du quai, cule (recule pour un navire). Les diesels rugissent, nous avançons lentement vers le lagon au bleu profond, presque noir. Le temps est merveilleux. Il nous faudra une vingtaine de minutes pour atteindre les passes et ensuite nous naviguerons sur le Pacifique. Je regarde la frange du lagon qui s?étale sur babord (gauche) et tribord (droite en regardant l?avant du navire). Des cocotiers se dressent, agitant leurs palmes comme pour nous dire « au revoir ». Aux environs des passes, il n?y a plus de cocotiers, simplement des troncs dressés, sans tête : résultat des explosions nucléaires aériennes.

Nous franchissons les passes et nous « entrons » dans les eaux du Pacifique, moins sereines que celles du lagon. Il ne m?en faut pas plus pour me pencher par-dessus le bastingage et adieu le repas?. Ce n?est pas une honte, c?est un geste tout à fait normal et je sais que maintenant je vais aller mieux. Je me redresse. Le commandant me sourit. « Tout va bien ? » - « Absolument commandant paré à naviguer ! ». Nous rions.

Le navire roule et tangue, les diesels chantent. Nos amis les dauphins viennent nous saluer et nous accompagnent un long moment en faisant des bonds majestueux, le soleil se réfléchissant sur leur peau en lançant des éclairs. C?est féerique. Les caméras tournent et les appareils de photo crépitent. Le commandant me précise que nous arriverons à Mangareva, l?île principale de l?archipel, le surlendemain. Il me tarde de connaître ce peuple du bout du monde. L?atoll disparaît rapidement. Il faut s?imaginer ce qu?est un atoll. C?est une langue de sable de corail qui émerge à peine de l?eau, avec un point culminant de 8 mètres. Pour avoir une idée précise, c?est comme si on se baissait au niveau d?une table sur laquelle est posée une feuille de papier. Elle se voit à peine? Sur l?atoll, lorsque la houle du Pacifique est violente, les vagues envahissent l?atoll pour rejoindre le lagon et nous sommes inondés. Sur l?atoll l?hygrométrie est très importante et il est nécessaire de mettre au soleil, chaque dimanche par exemple, tout ce qui est en cuir, valises, chaussures, ceintures, les vêtements placés dans les armoire, afin de les sécher? Sur l?atoll, il n?y a pas de fleurs, aucune odeur. Rien de tout cela. Aussi, lorsque l?on prend l?avion pour aller à Tahiti (Papeete), nous sommes littéralement agressés d?une part par les odeurs des fleurs et de la ville et d?autre part par le bruit. Sur l?atoll, les seuls bruits que l?on entend sont le murmure de l?océan et le bruissement du vent dans les cocotiers et cela pendant de longs mois? Alors 3 ou 4 jours passés à Papeete deviennent vite un enfer car nous nous rappelons que la circulation automobile existe, que les gens se bousculent sur les trottoirs, que tout va très vite, que les restaurants sont bruyants et que l?agressivité et l?insécurité sont permanentes. Sur l?atoll 3 500 hommes, pas une seule femme? Une fois, au cinéma de plein air, l?équipage d?un avion de l?armée de l?air a fait escale et est venu au cinéma. Nous avons senti le parfum des hôtesses bien avant qu?elles n?apparaissent? Pour être sur cet atoll, il faut être bien dans sa tête, se choisir de bons camarades, faire du sport et? travailler le plus possible pour oublier que sa famille est en métropole et attend patiemment le retour du mari et du père, en le remplaçant dans les tâches quotidiennes de la gestion de la famille et de la maison?, sans compter son travail à elle. Nous travaillons en moyenne 10 à 12 heures par jour et 6 jours sur 7, le dimanche étant sacré. Le soir étant consacré à la lettre pour sa femme et ses enfants. Une lettre de la famille qui tarde à arriver et le moral tombe vite à zéro?

18 h ? La nuit nous enveloppe déjà. Elle arrive tôt sous les tropiques. Les feux de navigations sont allumés. La nuit est douce. Le souper est servi, il va tenir cette fois-ci.

20 h - Je prends mon quart jusqu?à minuit, à la passerelle. Le commandant est assis sur son fauteuil. Il me fait part de sa riche expérience de sa navigation sur cette zone et les anecdotes sont savoureuses. Près de nous, le barreur a les yeux rivés sur la boussole légèrement éclairée. Je scrute la nuit. Autour de nous, il n?y a rien, que l?eau. On ne distingue pas la houle, seuls les mouvements du navire nous montrent qu?elle est bien là, de toute part. Nous sommes un bouchon sur une immensité en mouvement. Je pense un instant au monde qui vit sous notre étrave dans la nuit. Deux mondes parallèles mais qui ne peuvent vivre l?un sans l?autre. Le barreur doit s?absenter. Je prends sa place et je mesure en un instant la place que j?occupe. Le navire réagit immédiatement aux moindres de mes mouvements sur la barre et il faut avoir un ?il exercé pour bien repérer le cap à suivre sur la boussole. C?est une fierté mais également un jeu où l?on courre tout le temps après un repère où l?on doit constamment ramener le navire sur sa route.

00 h ? Je quitte mon quart mais je ne souhaite pas aller me coucher de suite. J?ai une folle envie de m?allonger à même le pont et de regarder la voûte étoilée composée de milliards d?étoiles. Je suis émerveillé par tant de beauté nocturne. L?air est pur, aucune interférence ne vient troubler ma vision. Sur ma droite, la croix du Sud s?élève et un peu plus loin je vois la constellation du scorpion avec sa longue queue courbée. Me rappelant mes cours d?astronomie, j?arrive à reconnaître aisément nos constellations et être là, à cet instant, privilégié dans ce monde fou, à regarder des étoiles comme nul ne peut le faire, c?est un bonheur incomparable. Soudain, j?aperçois une petite masse cotonneuse au-dessus de moi, de la taille d?une lentille, au milieu d?étoiles scintillantes J?ai près de moi des jumelles et je regarde cette masse cotonneuse. Ce n?est pas croyable ! Une nébuleuse spirale ! C?est la première fois que j?en observe une !

1 h 30 ? Je rentre me coucher encore sous le charme de tout ce que j?ai pu voir.

Le lendemain, durant la matinée, nous faisons des exercices d?homme tombé à la mer, des exercices de tirs sur des cibles que nous avons mouillées (mises à l?eau) et d?autres sur le maniement des armes. Une autre équipe s?attelle au colmatage d?une voie d?eau. La météo nous laisse tranquille. Un moment de repos me permet de m?accouder au bastingage. Des poissons volants surgissent et font une folle course avant de sombrer dans une vague. C?est un jeu pour nous de parier sur celui d?entre eux qui ira le plus loin. Le balai des poissons volants nous fascine.

12 h ? Repas. L?après midi s?annonce palpitant. Le bosco a fait placer des lignes sur la plage arrière. Je vais savoir pourquoi?..

A suivre?.

  • Ambassadeur
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Oss
Oss 16/08/2015 à 20h58

Merci

  • Ambassadeur
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Oss
Oss 17/08/2015 à 19h37

Un voyage dans le rêve…. Avril 197…. (2ème partie)



14 h 00 – Le navire longe un petit atoll inoccupé. Ce caillou qui émerge de la mer est parsemé de cocotiers et présente une petite passe. Il n’est pas question pour nous d’entrer dans ce lagon. Je sais que cet atoll, comme la plupart d’entre eux d’ailleurs, plonge à pic dans l’océan jusqu’à 4 000 m de profondeur au moins. Ce sont, également comme tous les atolls du pacifique, d’anciens volcans qui se sont effondrés et, à la faveur des érosions de la mer et du vent, ils sont devenus atoll. Le corail s’est fixé et la nature a fait le reste. Mon grand plaisir, c’était de pêcher des oursins, de m’asseoir dans l’eau avec un masque et un tuba (côté océan et non côté lagon), je cassais les oursins entre mes jambes et j’avais un « aquarium » sous moi. C’est fou le nombre de petits poissons qui venaient se régaler, pas farouches du tout, de toutes les couleurs et de formes. Je tenais un morceau de chair entre les doigts et ils venaient se servir…

Je regarde cet atoll. Robinson y était-il ? Soudain, un souffle puissant émerge du platier en même qu’une gerbe d’eau monte dans le ciel en bouillonnant. C’est un souffleur, c'est-à-dire un trou par lequel la mer passe en force sous le platier par la puissance des vagues et du courant et ressort par un des trous en produisant ce phénomène.

L’équipe pour la pêche est prête. Deux barres en acier de 3 m 50 environ ont été placées, l’une sur bâbord et l’autre sur tribord. Sur chacune des barres, quatre lignes sont fixées. Elles comportent chacune trois gros hameçons. Comme le montre la photo ci-dessous, au départ la ligne est consolidée par une large sangle en caoutchouc (morceau de chambre à air de voiture). Elle fait office de « frein » élastique. En outre, lorsque cette lanière sera tendue, elle nous permettra de constater qu’un poisson a mordu.
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Les lignes sont mises à l’eau. L’appât est constitué d’un morceau de viande et l’attente est de courte de durée. Une des lignes se tend subitement. Elle est vite récupérée par l’un des hommes à l’aide d’un crochet. Il faut une équipe de 3 marins, sinon plus, munis de gants pour ramener le poisson à bord. Soudain, dans l’écume d’une vague, le poisson accroché à la ligne surgit de l’eau et fait un bond fantastique. Les hommes tirent sur la ligne tout en remontant vers l’avant du navire. Le poisson est ferré puis hisser à bord avec une gâche. C’est un thazard. Il mesure près de 1 m 50 et doit peser dans les 60 kgs. Le bosco fait de grands signes au manoeuvrier pour manœuvrer délicatement afin que les lignes ne s’emmêlent pas.

Le thazard, est un poisson aussi connu sous les noms de Thazard raité, Thazard-bâtard ou bien encore thon banane Dans les pays anglophones il est connu sous le nom de Wahoo. Il peut mesurer jusqu'à 2 m 50 de longueur pour un maximum de 83 kilogrammes.. Cette espèce se nourrit de petits poissons et de céphalopodes. Il est de la famille des maquereaux.

Deux lignes se tendent en même temps. La manœuvre des hommes reprend. Les thazards sont hissés à bord. Je suis au milieu des hommes, à genoux, ma caméra au poing (à l’époque le VHS n’existait pas encore, ma caméra est une super 8 mm avec des films de 3 mn ; j’ai dans mon sac une trentaine de films…).

Les poissons sont hissés un par un et fixé par la tête sur un câble courant d’un bord à l’autre. Ils sont alignés les uns à côté des autres, éventrés afin qu’ils puissent se garder jusqu’au lendemain. Nous n’avons pas de glace à bord et pas de caissons assez grands pour les contenir. Les entrailles des poissons sont jetées à la mer. Alors, au-dessus de nous, c’est un ballet incessants et bruyant d’albatros, de pailles en queue et autres oiseaux de mer qui se disputent cette nourriture providentielle. A la surface de l’eau des ailerons de requin apparaissent et tournent autour du navire, se partageant eux aussi le festin. C’est féerique et impressionnant à la fois. Je suis penché par-dessus bord pour immortaliser la scène mais je suis vite rappelé à l’ordre…

L’un des matelots m’appelle pour me montrer un phénomène « scientifique ». Sur une planche, il a déposé le cœur d’un des poissons. Il bât encore. Je filme…

Nous avons pêché durant 3 heures, ramenés une trentaine de thazards. Ils ont été rincés à l’eau de mer. Ils sont propres est magnifiques. Il y a prêt d’une tonne 500 de poissons devant nous. Une bâche est tendue sur eux afin que les oiseaux ne viennent pas se servir. D’écrire ces scènes, je suis encore fébrile tant je revis ces instants. Il faudra que je fouille dans mes caisses pour retrouver ces films et me les passer…

18 h 00 au carré – La question qui me brûle les lèvres, c’est de savoir pour quelle raison nous avons péché autant de poissons. Je pose la question au commandant. Il me répond.

- Aux îles Gambiers comme dans d’autres archipels, le poisson péché le long des côtes et dans les lagons, est bien souvent impropre à la consommation. Certains poissons se nourrissent de corail. Ce corail est empoisonné. Dans la chaîne alimentaire, les poissons se transmettent ce poison et l’homme qui viendrait à manger l’un d’entre eux s’empoisonnera, avoir ce que l’on appelle la « gratte », sorte d’urticaire virulent mais surtout et plus gravement, avoir des oedèmes aux poumons, des chutes dangereuses de tension et une insuffisance cardiaque fatale. Si les symptômes ne passent au bout d’une vingtaine de jours, la mort survient dans tous les cas. En outre, les îles étant éloignées de tout centre hospitalier, il est très difficile d’apporter les soins immédiats et nécessaires au malade. Les tahitiens le savent bien mais pas certains « métro » qui, satisfaits d’avoir fait une pêche au fusil harpon, pensent pouvoir se délecter de leurs produits de la mer : hélas. Les hôtels préviennent normalement les touristes mais, parfois, l’accident survient.

- Ils n’ont pas non plus la possibilité d’aller en haute mer pour pêcher. Dans cet archipel (à l’époque), ils sont pauvres, ont très peu de matériel de pêche et ne peuvent aller très loin avec leurs frêles embarcations.

- Donc, nous avons péché ces poissons pour les donner à la population dès notre arrivée.

J’ai des rêves dans les yeux. Je nous vois arriver en sauveur, distribuant les poissons et faire une immense fête avec la population. Quelque part, je suis dans le vrai….

Après mon quart de nuit, je m’installe à nouveau sur le pont et je contemple la voûte étoilée. J’ai avec moi un cahier sur lequel j’ai pris des notes. J’imagine la lettre que je vais envoyer à ma femme et à ma fille dès mon retour à Mururoa. Plusieurs pages me seront nécessaires… j’en suis convaincu…

(à suivre)

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Oss
Oss 17/08/2015 à 22h22

Meerrrcciiiiii !

  • Ambassadeur
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Mababe
Mababe 18/08/2015 à 13h17

Wahooo Oss, est-ce toi qui a écrit tout ça ? Merci c'est très intéressant

C'est drôle, nos venons justement de publier un article sur les Dom-Tom, des idées insolites pour vous donner envie d'y aller : [Lien]

Moi j'aurais très très envie d'assister à la ponte des tortues, et vous ?

  • Équipe Justacoté
  • Smile (1)

Oss
Oss 18/08/2015 à 13h31

Tu me vexes Mababe snif . Oui, j'ai écrit tout cela avec touuuut mon petit coeur et toi... et toi... snif... tu te demandes.... tu te demandes... C'est fini, je n'ai plus envie de poursuivre ce magnifique voyage. Adieu Mababe, pourtant, si tu savais combien tu comptais pour moi... C'est ainsi, j'arrête, snif, snif. Je n'ai plus faim, je n'ai plus soif, je n'ai plus envie de rien... Adieu mes amis, Oss se retire... ! Sur la pointe des pieds

  • Ambassadeur
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Desillusion
Desillusion 18/08/2015 à 13h54

Oss,
ça y est j'ai lu, j'avoue que ça prend un peu de temps, mais ça fait rêver en tout cas, je parle des endroits, de la population et des animaux marins

tu étais dans la marine? (ou est-ce une imagination?)
tu as du en voir des choses! mais ça ne devait pas être tout repos!

tu n'as jamais pensé à écrire un livre?
Merci

  • Novice
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Mababe
Mababe 18/08/2015 à 14h15

Oh noooon Oss ne m'en veut pas, je ne doute absolument pas que ces mots viennent de toi !

D'ailleurs comme le dit Desillusion, je crois bien que cela mériterait d'être édité Mais je crois savoir que tu ne veux pas ?

  • Équipe Justacoté
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Oss
Oss 18/08/2015 à 16h59

Ok, ok, ok Mababe, je ne t'en veux pas et je sais, tout comme Julie et une certaine Mmaliko également, que vous vous plaisez à me titiller. J'aime Mais trop, n'est-ce pas ?

C'est vrai que j'ai terminé d'écrire un roman d'aventures qui se passe dans les années 1817 - 1819, justement dans les iles que j'ai bien connues et sur un navire. Je l'ai écrit en 6 mois. J'ai édité 5 ex que j'ai fait relier chez un imprimeur du coin, avec jaquette (pas l'imprimeur, le livre !) et je les ai distribués dans ma famille et amis, organisés en comité de lecture. J'ai déjà 4 excellents retours et le 5ème est en bonne voie. De plus, cette dernière lectrice va passer, avec mon autorisation, mon roman à une de ses connaissances qui travaille chez Plon. Elle est d'accord pour le lire et donner son avis.

Alors voilà, j'attends et qui sait ?

J'ai mis en chantier un 2ème roman, d'un tout autre sujet, plus contemporain et... je me régale.

Voilà mesdames !

  • Ambassadeur
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Oss
Oss 18/08/2015 à 18h41

Un voyage dans le rêve…. Avril 197…. (3ème partie)




Au petit matin, la houle s’est levée subitement et nous avons été pas mal secoués. Après le petit déjeuner, j’ai encadré une équipe pour un exercice de feu à bord, soute à machines. L’odeur du mazout me prend à la gorge et les mouvements rapides du navire, nous mettent mal à l’aise. Mais nous accomplissons notre travail à la perfection et le feu virtuel est vite maîtrisé. Débriefing sur l’état du matériel, la réaction des hommes, leur rapidité, leur tenue, les dangers auxquels ils ont été confrontés, l’évacuation des blessés, tout passe…

Sur le pont, le soleil nous inonde. Il faut mettre les lunettes de soleil tant la réverbération est importante. Le Pacifique est de mauvaise humeur et nous le fait savoir. Voilà ce que j’aime par-dessus tout ! Etre assis dans la mature du navire et se laisser aller dans les mouvements. Tantôt il plonge puis se redresse, tantôt il tangue jusqu’à ce que la mer envahisse le pont, puis il se redresse, tantôt on entend les moteurs mugirent parce que les hélices sortent de l’eau et tournent dans le vide, tantôt nous sommes soulevés par la crête d’une vague pour retomber dans le creux de la vague. C’est génial ! Les embruns vous fouettent le visage, le vent vous vivifie et vous semblez être seuls au monde Bien évidemment, il n’est pas question d’être à l’extérieur par forte mer…

Je regarde l’horizon et je m’attarde sur un point. Un petit groupe de nuages semble être posé là, alors qu’il n’y en a nul pas ailleurs dans le ciel. C’est la caractéristique de la présence d’une île, alors qu’on ne la distingue pas encore. Les nuages sont accrochés au sommet trahissant ainsi la présence de l’île.

Je regarde en direction de la passerelle. Le chef de quart, jumelles pointées vers ce point précis, me confirme que nous sommes en vue de l’archipel des Gambier. Je ne connais pas du tout cette région du globe et j’avoue qu’il me tarde d’arriver.

L'ensemble de cet archipel est composé de quatorze îles hautes, dont quatre de très petite taille, ainsi que de plusieurs îlots corraliens ancrés sur le récif qui enserre un lagon profond dans lequel les îles hautes sont disposées. La plus grande île et la seule habitée de façon permanente, à l'exception de quelques foyers isolés, est Mangareva avec Rikitea comme chef-lieu. Les trois autres grandes îles sont Aukena, Akamaru et Taravai. Celles-ci font partie de la commune des gambier dont l'île de Mangareva est le chef-lieu. Un aérodrome existe sur le motu Totégégie. Le mangarévien et le français sont les langues d'usage.
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Ces îles sont disposées en arc de cercle et on devine bien qu’elles sont les restes d’un immense volcan dont la bouche du cratère devait avoisiner les 8 à 10 kms de diamètre.

Au fur et à mesure de notre approche, les îles de l’archipel prennent leur place. Face à nous, deux îles, ayant un sommet d’environ 500 m, nous indiquent les « portes » du lagon. D’une mer à la couleur sombre et mouvementée, nous abordons le lagon aux eaux turquoises et calmes. Je regarde les îles. Au niveau de la mer, ce sont des cocoteraies puis, en remontant vers le sommet, une végétation de couleur ocre, qui fait des vagues sous l’action du vent, recouvre les pentes de cette montagne.
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Nous pénétrons lentement dans le lagon. L’équipage est prêt à la manœuvre pour atterrir sur l’embarcadère du village. (nota : un navire, lorsqu’il aborde un lieu où il sera amarré, on dit qu’il atterrit – un avion quitte le ciel pour atterrir, un navire quitte la haute mer pour atterrir).
Quelles images magnifiques sautent à mes yeux. ! Le ciel est d’un bleu pur, le lagon turquoise, les cocoteraies d’un vert émeraude, le sable jaune, les vagues qui frangent sur la côte dans un blanc éclatant et la montagne ocre. Une pure merveille que la nature nous offre.

Au loin, sur bâbord, j’aperçois un clocher avec une flèche qui darde vers le ciel et qui émerge des cocotiers. Puis ce sont les petites maisons blanches, jaunes, bleues, vertes qui prennent place. Enfin, dans cette magie des couleurs qui me donne le vertige, je devine le quai tout gris qui nous attend.
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« Paré à monter le pilote ! ». Une petite embarcation se dirige vers nous. Le pilote monte à bord, se dirige vers la passerelle. Désormais, c’est le seul maître à bord jusqu’à l’immobili-sation du navire à quai. Nous nous dirigeons lentement entre les patates de corail qui affleurent la surface du lagon. Que c’est beau. J’ai connu Tahiti et son lagon, Mooréa et sa merveilleuse baie de Cook, la célèbre Bora-Bora avec son lagon légendaire, l’atoll de Rangiroa la magnifique ! Mais là, ce qui m’impressionne le plus, ce sont les diverses couleurs et surtout le silence. On dirait que le temps s’est arrêté pour nous. Il n’y a pas de voiture ou une ou deux, les routes sont des chemins, c’est le silence total…

Nous approchons du quai et j’aperçois une foule de personnes qui nous attend sagement. Seuls les enfants sont tout heureux et gambadent dans tous les sens en piaillant. Au devant de cette foule, jambes écartées, bras reposant sur les anches, l’unique gendarme, képi en arrière. Une véritable scène folklorique. J’en souris encore…

Nous accostons enfin. La manœuvre est impeccable. Et ce que je vois en premier ce sont les sourires, les rires, les exclamations, la joie de nous voir et, bientôt, de partager. Les aussières sont passées et raidies. Nous sommes arrivés sur l’île de Mangareva et dans le village de Rikitea. J’ai une pensée pour mon épouse et ma fille qui ne s’imaginent pas ce que je vis si loin d’elles, à près de 20 000 kms de notre maison…
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C’est alors le cortège des allers et venues entre le quai et le navire. Des dockers improvisés viennent prendre les poissons qui disparaissent rapidement sous les acclamations des gens qui sont tout autour de nous. Puis des fûts d’essence, vides, qui attendent sur le quai, nous les remplissions de mazout et d'essence

J’avais apporté avec moi des cahiers, des cahiers de coloriage, des crayons de couleur et d’autres choses encore, quelques paquets de bonbons également. Mais pour l’heure, je dois aller à la rencontre du gendarme qui devra me faire un rapide compte rendu sur la vie sur l’île depuis la dernière venue d’un de nos navires. Je consigne tout ce qu’il me dit sur un registre et je donnerai le tout à notre retour, à l’amirauté.

Un peu plus tard, l’infirmier m’accompagne pour aller rendre visite à l’unique infirmière de l’île. Les présentations faites, elle nous fait son compte rendu sur la prophylaxie de la l’île et les bobos auxquels elle a dû faire face. L’infirmier lui donne les caisses de médicaments que nous avons apportées pour elle.

Puis, c’est au tour de l’institutrice, unique également, à qui je vais rendre visite. Je lui donne les modestes présents que je lui ai apportés, sachant que l’avion régulier (une fois par semaine) et la navette maritime qui passe sur l’île (une fois par mois), apportent tout ce que les services et les habitants ont commandés. Mais les cadeaux entretiennent l’amitié, n’est-ce pas ?

De retour à bord, le commandant me fait savoir qu’il faut que j’organise une rencontre de foot ball contre l’équipe locale. Tout un programme car je ne sais pas jouer à ce jeu, je sais toutefois taper dans le ballon avec le pied et je sais surtout que les jeunes de l’île nous attendent de pied ferme.

A ce stade de mon récit, il faut que je vous dise qu’en Polynésie tout est prétexte à sourire et rire et si un tahitien rit de vous, il faut savoir qu’il ne se moque pas de vous mais que la situation est assez cocasse pour rire. Alors, il faut vite ravaler son amour-propre et faire avec !

Bien évidemment, nous avons perdu et je n’ose pas vous dévoiler le score… Un collègue a filmé avec ma caméra la partie de foot et elle vaut son pesant d’or… Pour ma part j’avais chaussé des tennis trop petites si bien que mes gros orteils étaient noirs à la fin de la partie, gorgés de sang. Impossible de marcher ainsi. Alors j’ai utilisé les grands moyens. De retour à bord, j’ai pris un trombone que j’ai déplié puis chauffé à la flamme et j’ai percé mes ongles. Le sang a jailli, j’ai mis une compresse et j’ai pu marcher sans problème.

Le soir, nous avons dîné à bord puis nous sommes allés au village. Un drap blanc a été tendu entre deux arbres et nous leur avons fait la projection d’un film. Tout le village était présent, à rire, crier, s’exclamer. Un véritable bonheur !

La nuit sera courte et le lendemain je vais visiter l’île…

(à suivre)

  • Ambassadeur
  • Smile (2)

Oss
Oss 19/08/2015 à 16h56

Un voyage dans le rêve…. Avril 197…. (4ème partie)




Nous sommes dimanche. Muni de ma caméra je pars visiter le village. Il n’y a pas de route goudronnée. Seul une chemin, assez large toutefois, traverse le village. Sur ma gauche, la plage bordée de cocotiers. Sur ma droite, des maisons bien alignées, de plusieurs couleurs, au toit légèrement pentu, en tôle généralement. De larges baies vitrées me montrent les intérieurs assez simples mais d’une propreté inouïe. Les fenêtres sont largement ouvertes ainsi que les portes. Devant chaque maison, un jardinet magnifiquement entretenu, déborde de fleurs, plantes vertes, arbres fruitiers (mangues, bananiers, orangers, citrons verts…).
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Ce qui me surprend également se sont toutes ces maisons vides de tout occupant. Je comprends très vite pourquoi : des chants religieux me parviennent de l’église toute proche. Le village entier est à l’office, laissant les maisons non fermées…

Autre chose qui m’interpelle : hier, j’ai remarqué les tenues vestimentaires des tahitiennes surtout. La plupart du temps, un paréo les habille, parfois une jupe à fleurs, rien de plus banal. Mais le dimanche !!! C’est tout à fait autre chose. Les capelines sont de sortie, les robes blanches en dentelle parent les corps de ces dames couvertes de bijoux, principalement en nacre, une perle noire en pendentif ou en boucles d’oreille.
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Je suis entré dans cette église avant qu’elle ne soit restaurée en 2005. Moi, je l’ai vue en 1976.
Je me suis assis au fond, sur un banc et j’ai écouté. J’ai écouté les chants merveilleux des tahitiens dans leur église. La plupart des femmes sont ensemble, non pas pour une quelconque ségrégation mais simplement pour l’harmonie des chants. Une délégation de notre bord est présente à la messe.

Je comtemple longuement l'autel sculpté en bois et recouvert de nacres... Une architecture remarquable...
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Ensuite, j’ai gravi le chemin et je suis parvenu sur une hauteur d’où la vue est imprenable sur le village en contrebas. Une chapelle se dresse là, devant le cimetière dont les tombes sont toutes peintes à la chaux. Des fleurs sauvages embellissent l’endroit. Le lagon est un lac dans lequel miroitent les quelques nuages qui se balancent au-dessus de moi.
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Je traverse à nouveau le village est j’arrive à un bâtiment en tôles, tout à fait particulier qui, je le pense aujourd’hui, doit être démoli. Il s’agit d’un immense hangar sans ouvertures, à l’exception d’une lourde porte. Sur le toit, coure tout un ensemble de tuyauteries et qui traverse le toit dans toute la longueur mais également dans la largeur. Cela me fait penser au canevas de papier que l’on faisait en maternelle en croisant des lanières de papier de diverses couleurs afin de développer la dextérité de nos doigts d’enfants.

Ce bâtiment servait à rassembler toute la population de l’île lorsque les explosions nucléaires avaient lieu sur l’atoll de Mururoa (1 300 kms) pour les mettre à l’abri des retombées radioactives….. A l’intérieur, des vivres étaient entreposées dans des caissons ainsi que de l’eau douce. Les habitants restaient dans ce lieu deux à trois jours sans sortir. Une fois l’ordre de sortir reçu, le bâtiment était lavé intégralement à l’eau grâce aux tuyaux… Je me garderai ici de faire un quelconque commentaire…

Je retourne à bord. Sur mon chemin, je croise le cuisinier du bord, un paquet à la main. Je lui demande où il va et il m’invite à le suivre. Nous sortons du village et nous débouchons sur une petite crique magnifique, au sable à la couleur de l’or. Sur un promontoire rocheux, une petite maison. Je suis surpris qu’elle soit à l’écart de la ville. On frappe à la porte, elle s’ouvre, un grand gaillard, blanc, nous sourit. Après les présentations d’usage, nous nous dirigeons vers l’arrière de la maison, dans un petit atelier. Là, ce monsieur fabrique des bijoux remarquables tout en nacre ou en coquillage. Une merveille. Le cuisinier fait son choix et… pour le payer, il ouvre son sac et lui donne 5 boites de camemberts bien français (notez que le camembert, pour les tropiques, est conditionné dans des boîtes de conserve…). Rires et exclamations de notre bijoutier qui nous invite à boire un apéro. Et j’apprends que ce monsieur est alsacien, bijoutier et… interdit de séjour en France. Je reste discret sur son histoire et je pense, qu’à l’heure actuelle, il doit être décédé.

A midi, le responsable du village, le maire, nous a préparé un grand banquet. Nous y sommes tous, sauf l’équipe de garde. Au menu, poisson cru, cochon noir grillé, cochon noir cuit dans un four creusé à même le sol, dans lequel des pierres de laves brûlantes ont été placées. A l’intérieur les morceaux de cochon, des fruits, des ignames, des bananes à cuire, des arachides et le tout recouvert de larges feuilles de bananiers puis de terre. Le tout a cuit pendant des heures et…. Quel régal !!! Un groupe de filles en tenue de danse s’est avancé, une guitare, un ukulélé, un tronc de bambou et l’orchestre est constitué. Une fille est venue me chercher, j’ai dansé le tamouré, les rires ont fusé de toute part et mon amour propre est resté en veille….

Par contre, un autre fait surprenant m’a étonné. La population de cette île est essentiellement composée d’enfants en bas âge, d’adolescents, jusqu’à la vingtaine, puis de « vieux », dés la cinquantaine. La tranche d’âge que je n’ai pu voir, n’est pas là. Elle est à Papeete ou sur d’autres îles plus importantes, pour travailler. Ces gens reviennent dans leurs familles tous les 2 / 3 mois.

Le lendemain nous appareillons, la visite est terminée. Non, pas encore… ! Sur le lagon 3 immenses pirogues viennent vers nous. Il me semble qu’elle vont chavirer tans elles sont remplies. C’est lorsqu’elles sont arrivées le long du bord que j’ai vu ce dont il s’agit. Les mangaréviens, pour nous remercier des poissons, nous ont offerts des fruits : mangues, pamplemousses, oranges, citrons et surtout les fameuses bananes des Gambier, petites, à la peau fin mais d’un goût !!!!

Nous avons eu droit au collier de fleurs passé autour du cou pour nous remercier et pour dire de revenir… J’ai jeté mon collier à la mer, au large, me promettant d’y revenir, un jour… Je n’y suis pas encore retourné…


FIN

Oss août 2015

  • Ambassadeur
  • Smile (2)

Oss
Oss 19/08/2015 à 17h27

Merci de tout coeur à toi...(soupir)

  • Ambassadeur
  • Smile (2)

Mababe
Mababe 14/04/2016 à 10h48

Je suis sans voix OSS, magnifique ce "carnet de voyage" ! Quelle aventure, tu as beaucoup de chance d'avoir vécu tout ça

  • Équipe Justacoté
  • Smile (2)

Johan404
Johan404 14/04/2016 à 10h58

Merci pour ce récit Oss, c'est vraiment très enrichissant. Plus qu'à écrire ton propre livre

  • Elite
  • Smile (3)

Oss
Oss 14/04/2016 à 11h37

Merci à vous pour vos mots sincères et encourageants. Il est vrai que ces souvenirs, cette vie si riche est loin derrière moi, mais si vous saviez le plaisir que j'ai pris à vous les faire partager, en toute simplicité...

p.s. : d'où la nécessité d'instaurer une forme de compteur pour connaître le nombe de lecteurs de l'article... et pour les autres également.

  • Ambassadeur
  • Smile (1)

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