Noyeraie Et Ramassage Des Noix

1ère Partie -

Il est 7 h 30. Dans la lueur blafarde de ce matin, la brume nous enveloppe de toute part. Tout est silence. Les silhouettes des chênes nous font deviner leur présence massive. Les arbres pleurent des larmes de rosée. Une pâle lueur essaye de trouer ce coton ; c’est le soleil qui pointe et essaye de prendre la place qui lui revient. Dans la trouée de la brume, des lumières annoncent que la vie s’éveille. Derrière des fenêtres que j’aperçois, je devine des personnages partiellement endormis, une bûche dans une cheminée qui crépite, le café qui fume et répand sa douce odeur dans la cuisine, le pain qui crisse sous la lame du couteau, un chien qui quémande une caresse en jappant. Au loin, les vallons soulignent l’horizon en ondes gracieuses.

La camionnette que conduit mon ami, bringuebale d’un côté sur l’autre sur le chemin caillouteux. A l’arrière, les baquets dansent et sautent à la faveur des sursauts du véhicule. Nous passons sous un tunnel de verdure que forment les marronniers en se rejoignant et nous écrasons les bogues qui jonchent le sol. Après quelques virages, nous arrivons dans une noyeraie, notre halte pour ce matin. La journée s’annonce magnifique. Je suis venu passer quelques jours chez des amis, à la frontière du Lot et de la Dordogne pour les aider dans le ramassage des noix. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend et je crains d’avoir très mal au dos ce soir et surtout en fin de séjour…

La noyeraie de mes amis est immense. En fait, il en possède quatre pour un total de 150 arbres environ dans un cadre de verdure et d’arbres incomparable, tout proche de la Dordogne qui coule paisiblement tout à côté.

Ils ont réalisé une première récolte avant mon arrivée. Nous serons, mon ami et moi, seuls attachés à cette besogne, mais dans la joie des retrouvailles, de l’amitié qui nous unit et les souvenirs communs et fort nombreux : c’est un ancien marin nous fîmes quelques affectations ensemble…

Nous avons descendu les baquets de la camionnette. Il me donne un outil fait d’un manche assez long, tout comme un manche à balai ou un râteau. A une extrémité, une « ballon de rugby», la boule, composée de plusieurs rayons. Il m’explique le principe. L’on dépose la boule sur la noix au sol, les rayons s’écartent car ils sont assez souples, ils emprisonnent la noix qui se retrouve prise dans la boule. Ainsi, de noix en noix, la boule se remplit. Ensuite, il suffit de placer la boule pleine sur un crochet fixé sur le panier. Le crochet pénètre dans la boule, écarte deux rayons et les noix glissent dans le panier. Lorsque celui-ci est plein, il suffit de le vider dans le baquet. Cette technique a été copiée sur le ramassage des balles de golf. Il suffisait d’y penser. Bien évidemment il faut se baisser parfois pour ramasser celles qui se sont fichées dans des sillons ou des mottes de terre.

Les arbres ne sont pas secoués par une machine prévue à cet effet. Nous laissons la nature exercer ses droits. Les noix tombent d’elles mêmes et c’est ainsi que nous sommes revenus les jours d’après pour refaire un autre ramassage. Les noyeraies de mes amis sont BIO. Ils ne subissent aucun traitement et leur saveur est incomparable. Les noix sont récoltées par une coopérative. Celle-ci les trie à leur réception puis elles sont conditionnées pour être expédiées dans les magasins BIO. Les noix abîmées sont réservées à la fabrication de l’huile de noix. Quel goût !

Une famille de sangliers est passée tôt ce matin. Nous relevons des traces de leur passage. Quelques jours auparavant, ce sont les traces d’un loup qui furent relevées. Un paysan du coin nous a dit que ce loup venait de l’Ariège tout proche.

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Commentaire de Julie93, le 21/11/2016

Effectivement avec 150 noyers, cet appareil est indispensable!
Je connais mais ne l'ai jamais utilisé, et donc je me posais la question pour le vider, tu as répondu à ma question, merci

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Commentaire de Bettyoups, le 22/11/2016

Whaouuu ! Quel avis, mazette !!! Des noix en veux tu en voilà , dans un décor que tu as su nous décrire à tel point que l'on s'y croirait ! Eh bien quel travail ! Tu devais être épuisé !! Merci encore une fois pour ce très bel avis,Oss le talentueux !

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Commentaire de Mababe, le 28/11/2016

Wahoo, quel chouette avis Oss, merci pour ce beau reportage !

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2ème partie -

En fin de matinée, nous avons ramassé près de 250 kg de noix. En fait, la technique est très simple. Un petit coup de roulette comme si l’on passait la serpillière ou l’aspirateur et hop, dans le panier ! Après le repas du midi (et je vous laisse volontiers de côté les menus de sanglier et autre pâtés au fois gras, les cèpes et les girolles, les apéritifs « maison »…), nous lavons les noix à l’eau claire puis les entreposons sur des tables grillagées pour le séchage et nous les trions une par une. Auparavant, nous ramassons les noix de la veille, séchées et les disposons sur le plancher du grenier fait de lattes disjointes. Un bac à séchage comportant 3 compartiments pour 400 kg de noix assurera cette opération durant 4 jours. Sous le bac de l’air pulsé et chaud, 24/24 h, assurera, à 25°, le séchage naturel. A la fin de cette opération, les noix sont ensachées en sacs de 40 à 50 kgs et direction la coopérative.

Du matin au soir, nous avons toutefois manipulé 250 kgs de noix et répété cette opération 5 fois entre le ramassage, le transport, le déchargement, le nettoyage, le tri et la disposition au grenier (monter les baquets pleins à bout de bras), en s’aidant d’une échelle. Inutile de vous dire que nous étions au lit tôt et pour une nuit de 8 heures au moins.

Deux variétés de noix sont produites chez mes amis : La Franquette (bonne productivité, cerneau de grande qualité, noix de table et très facile à casser). Et en quantité moindre, la Marbot (bonne productivité mais cerneau de qualité moyenne). Sachez qu’il existe aussi la Fernor, la Parisienne, la Lara, la Corne, la Grandjean, la Ronde de Montignac (polénisateur). Et enfin, vous trouverez les noyers dits « à bois » pour la fabrication des meubles.

Personnellement, j’avais baptisé certaines noix à ma manière. La Belle, celle qui rentre facilement dans la boule, la Revancharde, celle qui fait le contraire, l’Espiègle, qui entre mais qui ressort aussitôt de la boule, la Coquine qui tarde à rentrer, la Sauvageonne qui se coince entre 2 rayons et qui fait ressortir toutes ses copines histoire de m’énerver, la Perverse qui vous guette cachée dans sa bogue et vous attend pour choir sur vous et, enfin, la Rebelle, celle qui roule dans le champ voisin aux herbes hautes.

Aucun « accident » dû à la chute d’une noix sur la tête ne fut à déplorer. Mais j’avais une casquette… De toute façon, j’ai déjà vécu dans une cocoteraie… alors… ce danger… dans une autre mesure, je le connais ! J’ai passé 10 jours chez eux et nous avons récolté et manipulé 2 860 kgs de noix. De retour chez moi, chargé d’un gros sac de noix pour ma famille et amis, de miel qu’ils produisent, de châtaignes et de divers bocaux de conserve, il m'a fallu rfanger tous ces produits et préparer mes paquets à offrir...

Voilà donc une autre facette de la Dordogne et du Lot que je viens de découvrir et ce sont vraiment de beaux départements où il fait bon vivre. Et si d’aventure vous souhaitez acheter des noix en filet ou en paquet sachez bien qu’à l’intérieur, il y en aura au moins une que j’aurai ramassée avec amour et élégance pour vous, rien que pour vous… Elle sera facile à remarquer : ce sera la plus belle !

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Commentaire de Julie93, le 22/11/2016

J'associais plutôt l'image de la noix à Grenoble, merci d'en avoir élargi le périmètre
J'ai un noyer derrière chez moi et je ne les conserve pas toujours très bien, j'ai lu avec grand intérêt les différentes étapes de conservation merci !

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Commentaire de Oss, le 22/11/2016

Si tu souhaites conserver tes noix, opère de la façon ci-dessous :

Après les avoir laver, tu préchauffes ton four à la température la plus basse. Généralement un four chauffe à 50° au minimum. Tu places tes noix encore humides sur une grille du four et tu enfournes porte légèrement ouverte et tu éteins le four. Au bout d'un moment la température du four se stabilise et tu fermes la porte. Tu laisses ainsi pendant une demi heure et tu recommences l'opération de chauffage pendant au moins 4 fois. Ensuite, tu casses une noix et tu sépares les deux cerneaux. Apparait alors une membrane. Tu casses celle-ci. Si elle se casse net, les noix sont sèches. Si elle se plie mais rompt difficilement, il faut poursuivre l'opération de séchage.

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Commentaire de Julie93, le 22/11/2016

Je ne ferais pas 4 fois dans le four, mais je pense qu'une fois sera très utile quand le temps est humide
Merci Oss pour ce complément ...ça va me coûter combien ? (lol) !

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Commentaire de Oss, le 22/11/2016

Des noix ou... des clous !

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Commentaire de Julie93, le 22/11/2016

Des noix t'en n'as pas assez !!! des clous, tu veux dire des piercings ? (lol) merci

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