Te voilà cher oss en Espagne !!!
Merci pour ce joli récit de voyage, j'attends la suite avec patience
Avec impatience, tu veux dire, Notrebab's !! Ah voilà où tu es parti, petit cachotier ! Eh bien, quel périple ! Ah l''Espagne ! Sais tu que je m'y rend deux à trois fois par an ? Ben oui, c'est vrai que j'en parle souvent et Notrebab's y est allée aussi ,est ce que se sont nos commentaires élogieux qui t'ont donné envie de t'y rendre? En attendant la suite, repose toi bien et merci pour cette bonne surprise de nous relater ton voyage
Coucou oss, je viens de lire doucement ton récit, que j'ai suivi pas à pas et j'ai eu une drôle d'impression ...que je te tenais compagnie, tellement c'est bien "minuté", et j'assistais à tes faits et gestes...et partir seul faire un tel voyage me remplit d'admiration.... et j'attends la suite....
Non non chère maliko moi je préfère dire "avec patience", c'est un contre-courant que j'aime bien et en plus j'aime bien l'idée de cultiver la "patience"
Oui je suis vraiment contente que notre oss se régale en Espagne, j'ai bien hâte (avec patience ) de te lire concernant l'Andalousie !
Ah mais moi aussi je suis contre ( l'impatience ) mais toujours en courant !: D
Lundi 4 septembre – 8 h 00.
J’ai dormi comme un loir. Bon, ce n’est pas tout mais il faut que je me dépêche. Rapidement, je m’interroge : pourquoi faut-il que tu te dépêches ? Tu es en vacances non ? Il est vrai que certaines habitudes sont bien ancrées en soi et que, malgré tout, il est difficile de les faire passer. J’avoue que je suis ainsi, impatient…
Je viens de me doucher et me raser et j’ouvre ma valise pour changer de vêtements. J’avais pris la précaution de placer dans la valise un petit sac pour mon linge sale. Et j’ai même pensé à emporter un fer à repasser ! Je place ma chemise et mes sous-vêtements de la veille dans le sac et je déplie un polo. Horreur !!! Il a de grosses tâches rouges sur le devant et derrière !!! My God ! C’est quoi ce bintz ? Et je comprends de suite : l’é-o-si-ne !!! Je l’avais placée dans un sac avec les médicaments mais, à mon départ, ai-je bien vérifié que le flacon était correctement fermé ? Apparemment non ! Je poursuis mon investigation : un pantalon gris présente deux belle tâches sur le derrière, puis un autre polo, mon short de bain, un tee-shirt de marin tout neuf et, oh non, pas lui ! Un superbe polo rayé de bleu marine et de blanc, comportant sur la gauche de la poitrine un magnifique et large écusson doré de la marine vénitienne, cadeau de mes enfants parisiens ayant visité Venise. Je suis consterné et je me serais donné des claques tellement je suis vexé ! C'est tout perdu désormais ! Alors je me dis qu’il va falloir que j’investisse… ou que je lave mon linge sale, le soir, à l’hôtel. Le sac de linge sale se remplit… déjà !
9 h 00 - J’ai pris un excellent petit déjeuner, j’ai chargé la voiture et je reprends mon voyage. Je m’arrête un peu plus loin pour compléter mon plein d’essence. Je me présente devant la pompe à essence et vais décrocher le pistolet mais un préposé sort du magasin et me sert. J’avais perdu l’habitude… Il entame la conversation avec un esprit jovial mais je lui dis : « Sorry no comprendo ! ». Je mélange l’anglais et l’espagnol ! N’importe quoi ! Francese ? Si segnor. Je comprends qu’il me demande d’où je viens et si je lui dis de Rochefort, je n’ai pas fini de palabrer. Alors je lui dis : Bordeaux, en espérant qu’il connaisse ! Ses yeux très noirs rient et cela me donne le moral. Je suis content ! Il m’en faut peu n’est-ce pas ? Mais que voulez-vous, faire un voyage seul, le moindre échange verbal est important. Je paye et le gratifie d’une pièce. Il me regarde et me dit d’un air sérieux ! No segñor, Asta luego ! Belle leçon de modestie !
Je pars en traversant le village d’une propreté exemplaire, aux balcons fleuris, avec, ça et là une énorme barrique, puis un tombereau aux grosses roues à rayons de bois et les bras en l’air. Je passe une petite place pavée sur laquelle figure une petite église toute blanche. Les arbres de la rue perdent leurs feuilles. Il est vrai que l’Espagne souffre d’une terrible sécheresse et que des lacs de la région ouest se sont asséchés, laissant apparaître des villages engloutis. Un homme d’un certain âge est assis sur une chaise devant l’entrée de sa maison. Enfin, je pense qu’il s’agit de sa maison… Il me semble être dans un tableau de western…
Je quitte maintenant Puerto Làpice pour rejoindre l’autoroute qui est à 6 kms, à peu près. Je roule lentement pour jouir du spectacle de la nature qui joue devant moi et sur les côtés. Sur ma droite, une colline se baigne dans le soleil du matin et je vois, oh que c’est magnifique ! Tenez, avant que je vous dise ce que je vois, permettez-moi de vous lire ceci : « Il voit dans la moindre auberge, un château enchanté, prend les filles des paysans pour de belles princesses et les moulins à vent pour des géants envoyés par de méchants magiciens ». Vous avez sûrement deviné de qui il s’agit ! De Don Quichotte, ce pauvre hidalgo et ses moulins, de Sancho Panza préoccupé à se remplir la panse, Sancho Panza de la Mancha ! Et dans la Mancha, j’y suis ! La province de la Manche ! Je suis tout joyeux à la pensée de savoir que je suis dans cette belle province espagnole, en plein milieu du pays. Soudain, il me semble que le paysage s’illumine, se pare de mille couleurs. Sur la route, il me semble apercevoir des gens agitant une muleta rouge et criant sur mon passage : « Oooooolè ! ». L’ivresse du bonheur, la soif de liberté. Serai-je devenu Don Quichotte ? Oh que non ! Je suis moi-même, dans ma solitude mais également dans les souvenirs, les images qui défilent, les sourires qui fusent… Je mesure un instant ma chance de pouvoir rouler au gré des kilomètres et j’ai l’égoïste impression que tout m’appartient !
Je me revois en classe de 5ème, apprenant, en cours de français, ce magnifique roman de Cervantès, où dans un chapitre du roman, Don Quichotte, en pleine euphorie, poursuivait les moulins et je me prenais à rêver de les voir un jour ces géants espagnols ! Alors, les moulins sont là, sur ma droite, majestueux et fiers ! Et les collines qui m’entourent, possèdent leur moulin, tout blanc. La boucle est bouclée...
9 h 30 – Je suis sur l’autoroute à deux fois deux voies séparées, entre les rails centraux, par des lauriers roses en fleurs. Et il y en a tout le long de ma route, ce qui donne un air méditerranéen à la route. Je constate que l’autoroute est gratuite désormais.
Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit mais mes origines paternelles sont espagnoles et catalanes de surcroît. Alors, je me surprends à chanter à tue-tête des airs espagnols : Granada, la Belle de Cadix surtout. Bref, une joie m’envahit. Je me sens bien ce matin et l’Espagne est à moi ! Elle a des yeux de velours…
Je traverse une zone de collines – dos d’ânes majestueux - et de petites plaines bien sèches. Je suis dans le grenier de l’Espagne et dans ses oliveraies. Et des oliviers j’en croise énormément, rangés en damiers parfaits, courant sur les plaines et les collines, faisant des dessins géométriques au fur et à mesure de mon avancée.
Par contre, ce que je note, ce sont des hameaux totalement abandonnés qui errent le long de l’autoroute : station d’essence, bars, boites de jeux, hôtels, éventrés pour la plupart et entièrement tagués. Quelle en est la cause ? Je mets cela sur le compte de la « mondialisation »… Vaisseaux fantômes qui n’ont perdu leur âme…
Je prends des photos tout en conduisant et ce n’est pas facile et pas prudent surtout. Je fais attention. Il me faut bien des souvenirs non ?
10 h 45 – J’ai quitté la Mancha et j’entre en Andalucia (l’Andalousie). Un grand et large panneau bleu vient vers moi et me précise, en langues espagnole et anglaise et en caractères arabes…, Granada 30 kms ! Granada ! Ce nom sonne la magie pour moi. Qu’il est beau ce nom : Gra-na-da ! Les Maures installés pour quelques siècles. L’invasion terrestre en même temps que l’invasion maritime. Un peuple soumis. Mais également une architecture nouvelle, audacieuse, emplie de mystères. Des jardins luxuriants où l’ombre et l’eau, trésors de bienfaits, sont omniprésents pour assouvir les caprices d’un calife à la satiété incongrue, un calife largement inassouvi, un calife bâtisseur tout de même.
Depuis hier, j’ai accompli les trois quarts de mon voyage ! Je sens, je respire la Méditerranée !!! Elle est là, tout près ! Et Grenade qui se profile à l’horizon, entourée de palmiers, de collines, écrasée par le chaud soleil ! 33° au tableau de bord. Grenade que je rêve de visiter. Grenade et comprendre son histoire. Mais je ne m’arrête pas. Je poursuis mon voyage et j’y reviendrai. Je me le promets.
J’emprunte l’autoroute qui mène à Séville et Cadix puis, quelques kilomètres plus loin, je la quitte pour ma destination finale…
Je laisse la Sierra Nevada sur ma gauche et je pénètre dans une autre dimension. Un panneau m’indique qu’il faut mettre les chaînes pour circuler… l’hiver bien entendu ! Chaînes de montagnes enneigées. La Sierra Nevada est le massif le plus élevé de toute l'Europe occidentale après les Alpes. J’ai du mal à imaginer que la Sierra Nevada soit enneigée en hiver. Pour moi, c’est insolite, démesuré. Après tout, n’est-ce pas le pays du soleil ? Je sais que depuis Grenade la route la plus haute d’Europe grimpe jusqu’à 3 150 d’altitude.
L’autoroute emprunte d’immenses viaducs qui enjambent des vallées vertigineuses, beaux ouvrages et prouesses des hommes avec toujours, en son milieu, un rideau de lauriers roses. La route grimpe, redescend, grimpe encore. La vitesse est limitée à 70 tellement la conduite devient dangereuse. Je respecte la limitation mais pas les espagnols qui dévalent les pentes comme des dingues avec, quelquefois, des véhicules douteux que je rattrape et double aisément dans les montées.
Au sommet d’une montagne, il me semble voir la mer, là-bas, tout au loin. Mais non, ce n’est qu’une brume de chaleur, commune en Méditerranée. Et soudain le panneau, Mon panneau : Malaga 12 kms ! Ce panneau qui me libère de cette longue route !
12 h 00 - Et je découvre cette ville baignée de soleil, du haut du dernier col. Rapidement, elle se précise, se devine, s’impatiente tout comme moi. Elle est à mes pieds, là, juste en bas et je rejoins l’autoroute qui vient d’Alméria pour aller vers le sud, longeant la mer. La mer ! Ma passion. Elle est d’un calme ! Je vous laisse le deviner, la deviner. C’est un miroir. Elle se confond avec le ciel dans un bleu pâle et vide de tout nuage. Les plages dorées dessinent le littoral. Il m’est très difficile de jeter un œil vers ce spectacle tant la circulation est dense. Je suis avide de savoir, de voir, de dénicher une crique, les hôtels, des palmiers. J’ai envie de m’arrêter pour profiter du spectacle, mais je ne peux le faire.
Ce que je remarque pourtant, ce sont les nombreux immeubles qui ornent les collines. Il y en a partout ! C’est une construction mal ordonnée, anarchique, voire étouffante. Les immeubles semblent vouloir digérer les quelques villas qui essayent, tant bien que mal, de s’imposer entre les barres aux balcons encombrés. J’espère ne pas trouver semblable désordre en bordure de plage…
J’ai faim. J’ai grand faim même. Je n’ai pas fait de repas corrects depuis que j’ai quitté mon chez moi. Et encore, mon dernier vrai repas remonte à la veille de mon départ. Mais là où je me trouve, je ne vois aucun restaurant. Je roule toujours sur les hauteurs de Malaga et je pense que je trouverai mon bonheur en bordure de plage. C’est évident !
Soudain Maria me précise que je dois sortir dans 800 m. Je suis à 2 km de mon point d’arrivée, mon hôtel.
12 h 30 - J’entre dans la ville de Rincon de la Victoria et ma route descend la colline. Je roule au pas car je suis assez fatigué. La circulation est conséquente. Ce que je remarque ce sont les arrêts des automobilistes aux passages pour piétons. Respect. Mais aux ronds points, c’est autre chose car la priorité à gauche est souvent sujette à caution ! Maria m’annonce : « A la fin de la route tournez à gauche et vous êtes arrivé sur la droite ». Merci Maria !
Je n’en reviens pas. Je viens de parcourir 1 430 kms.
12 h 40 – Je me gare devant mon hôtel et coupe le moteur. Je regarde autour de moi et je pense être dans un autre monde. Un autre monde fait de soleil, de douceur, d’animation. L’air est différent. La lumière est différente. L’insouciance est différente. Il me semble percevoir de la nonchalance également. La chaleur de la rue envahit l’habitacle et je me décide à sortir. Une odeur nauséabonde m’empêche de respirer. Je retiens ma respiration. Des conteneurs de poubelles trônent sur le trottoir…
Je rejoins la réception. Un homme, élégant, me reçoit, me parlant en espagnol. Je lui dis « bonjour ». Sourire amusé de sa part. Il me répond en français. « Victor pour vous servir. Vous avez fait bon voyage ? ». Il me remet ma carte. Chambre 401 – 4ème étage. La chambre n’est pas très grande mais cela me convient tout à fait. Lit agréable, penderie, table pour écrire, fauteuil, desserte pour ma valise, belle salle de bain et large balcon. Je m’y rends. Je suis déçu car je pensais voir la mer. Ma chambre donne sur la rue. Alors là, c’est vraiment un détail pour moi.
J’installe mes bagages et je redescends. J’avise la terrasse d’un restaurant tout proche. Je n'ai pas envie de sélectionner. J'ai seulement envie de manger et de bien manger.Je m’installe. Je ne sais pas pourquoi mais la serveuse qui vient vers moi, me dit : « Hello ! ». Elle me donne la carte et je la remercie en lui parlant en français. La carte est écrite en anglais et en espagnol. Je choisis mon plat : une tortilla à la tomate. J’ai soif et je veux une bière. Comment dit-on bière en espagnol ? Je l’ai su : una biéra ? non. Una ragna ? non. Una quemia ? La quémia, c’est autre chose. Je ne sais toujours pas et pourtant, je cherche. Lumière ! J’ai trouvé ! Una cagna ! Con una cagna por favor señora, lui dis-je. Wouaah, le pro !!! J'ai tout de même conscience que c'est tout à fait élémentaire
J’avale plus que je n’apprécie mon omelette car il me tarde de prendre une douche et me coucher.
Il est 15 h 30. Je rejoins mon hôtel par la plage. Je vous en parlerai demain car j’ai les oreilles qui bourdonnent, je suis complètement dépaysé et sur les rotules. Mais que je suis heureux d’être là, au soleil, dans une douceur de vivre. L’air sent la mer, l’ambre solaire, le poisson, l’iode, le le le la la la, je ne sais plus….
A bientôt !
(à suivre).
Merci Oss, (moi qui ne lit jamais...ou trés trés peu)....j'ai eu grand plaisir à te lire et à vivre ton voyage, et à bientôt pour la suite... je t'embrasse !
Et moi je rêve. ...
C'est trop chouette, merci Oss pour ce beau récit de voyage !
On est avec toi pour ce beau voyage. C'est merveilleux. Attention à l'abus de Malaga....
Sais tu que tu marches sur mes pas ? ....et du coup sur ceux de Notrebab's aussi ?
merci Oss.... !
Ooooooh j'en ai les larmes aux yeux, merci pour ma nièce ♡♡♡♡
Mdr !! La fille de Maria dans ton tel !!! Aaaah Malaga, combien de fois ai je arpenté ces rues ! Et l'Acazaba ,combien de fois y suis-je montée pour le faire découvrir à mes proches ! Merci Oss, ton récit m'émeut.
Je n'en reviens pas...! moi qui ne lit pas....je suis "emportée" par tes visites, tes photos, et toutes ces belles choses que je n'ai jamais vues....tu en parles tellement bien ! merci Oss, et je fais partie du voyage ça je peux te l'assurer....!
Pour avoir fait ce voyage il y a deux ans, j'ai l'impression d'y être à nouveau. En te lisant, j'ai l'impression de cheminer avec toi.
ça me fait le même effet Linières...... sauf que je n'ai jamais fait ce voyage, et que je découvre des endroits merveilleux...!
Oooooooh Jcr avant Oss !! Nerja !!! Ouiiiiii , c'est topissime ! La crique où tu es allé, je connais !!! Merci, merci de me faire revoir cet endroit que j'adore !! Paco de Lucia , un grand maître du flamenco pur, bravo de l'avoir trouvé !
Et j'ai hâte d'être à demain pour Grenade que j'adore, j'y suis allée 3 ou 4 fois ! mababe
Notrebab's !! Oss marche dans nos pas !!!
Ça ne m'étonne pas pour la crème !! XPDR !!! Voilà t'y pas qu'il se maquille, maintenant !! J'aurai bien voulu voir ça !!
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