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MARIE MANCINI - 2 : discussion

Oss
Oss le 08/11/2023 à 17h31
Eté 1658, Louis est satisfait des victoires obtenues sur les espagnols. Les batailles furent rudes de l’autre côté des Pyrénées mais la fleur de Lys l’emporta sur l’Ibère. Mais, très vite, il doit se rendre dans le nord de la France, à Dunkerque. Sa mère l’accompagne. Il est alors pris de fortes fièvres et les médecins déclarent que sa vie est en danger. On s’inquiète pour le Souverain. Sa mère rejoint rapidement la capitale. On doit sauver le Roi ! Sans doute est-ce la scarlatine et on ne sait pas trop la soigner.

Au couvent, Marie apprend la terrible nouvelle et son chagrin est immense. « Seigneur, Sainte Vierge Marie, sauvez le Roi, sauvez mon amour, ayez pitié de lui, ramenez-le aux jours meilleurs. Je l’aime comme il n’est pas permis d’aimer ! » Au couvent, les larmes de Marie sont prises au sérieux et l’on chuchote au Louvre qu’une jeune femme est éprise du Monarque et qu’elle invite tous les courtisans à prier pour le Roi. La jeune Mazarinette est désespérée de voir son Roi à l’agonie et dévoile, ainsi, ses sentiments naissants envers Louis XIV.

De retour à Paris, le Roi apprend qu’une demoiselle de la cour, le croyant perdu, avait affiché un désespoir spectaculaire. Il fut bouleversé en découvrant qu’il était pareillement aimé, mais ne laissa rien paraître de son émoi, un maître dans l’art de dissimuler… Et lorsqu’il apprit que cette demoiselle n’était autre que Marie, son étonnement vite passé laissa la place à un emballement fougueux.

Louis n’a pas poursuivi ses amourettes sans conséquence avec Olympe. D’autant plus que Mazarin la destinait à un comte fort riche en vue d’une alliance fructueuse pour lui. Marie rejoignit la cour du Roi Louis XIV et, à la vue puis à l’empressement du Roi, elle s’épanouit brusquement. Ses grands yeux éclairaient son visage, sa chevelure sombre soulignait la matité de son teint. Sa denture parfaitement régulière conférait un charme particulier à son sourire. Sa taille fine et souple, ses mains gracieuses, ses pieds élancés, elle attirait les regards. Sa passion transpirait d’aise et l’animait d’une extraordinaire simplicité. Piquante et féline à la fois, tantôt joueuse, parfois fuyante, le Roi fut sous le charme. Toutefois, le doute le gagna. « M’aime-t-elle vraiment ? ». Cet état d’esprit le rendait timide mais il n’avait d’yeux que pour elle. Très vite le Roi développa auprès de Marie une attitude majestueuse, une attention sérieuse, solide dans ses manières ce qui n’était sans lui déplaire d’autant plus que le Roi n’exerçait involontairement mais naturellement ces postures qu’en sa compagnie.

A la cour, rien ne passait inaperçu. On s’étonnait du goût du Roi mais on faisait tout pour plaire à Marie. Et c’est ainsi qu’à 20 ans pour le Roi, 19 pour Marie, devinrent amants. Ce fut sa première maîtresse, première d’une longue série... Elle l’accompagnait dans ses déplacements, de ville en ville. La reine mère et le Cardinal n’acceptèrent pas cette liaison qui ne pourrait apporter rien de bon au Royaume. Ils toléraient volontiers cette liaison ; ils ne voyaient que des jeux d’enfants, innocents. Au Louvre, durant l’hiver, ce ne furent que bals et fêtes. Les deux amants forcèrent l’admiration de la cour lorsqu’ils se lançaient dans un ballet effréné.

Le Roi rechuta de sa maladie. L’angoisse et les tourments de la Reine ne furent rien auprès de la douleur de Marie. Tout le monde parla de la douleur de mademoiselle de Mancini. Le Roi comprit enfin combien l’amour de Marie lui comptait et qu’il n’était pas feint.

Le cour suivit le Roi et Marie à Fontainebleau au cours de sa convalescence. La passion de Marie pour le Roi rompit toutes les contraintes où la reine-mère et le Cardinal la tenaient. Promenades en forêt ou sur le lac, on dansait, on allait au spectacle. Au cours d’un pique-nique le Roi prit la fantaisie de grimper sur un énorme rocher. Maris n’hésita pas à le suivre. Ainsi, ils goûtèrent aux plaisirs, à la gaieté partagée, à l’insouciance du moment, au mystère des silences, sous les yeux des courtisans qui veillaient sur le Roi. Les cadeaux que Marie recevait la confortaient de cet amour que le Roi lui portait avec assiduité, empressements, complaisances.

Durant les semaines, les mois, les années qui suivirent, se furent des moments que l’on pourrait qualifier « de moments fous » tant l’amour omniprésent ne les quittait plus. Ce n’était que ballades en carrosse, à cheval, voyages, concerts, ballets, repas, rires et d’autres choses encore qui emplissaient les cœurs et leur donnaient la raison d’exister pour deux ! Ils grandissaient dans l’idée qu’ils ne s’appartenaient pas comme de simples particuliers et que seule la raison d’État réglerait leur destin ! Ils se croyaient libres, il leur semblait que la vie s’ouvrait à eux comme un grand chemin sur lequel ils chevaucheraient ainsi dans l’éclat de leur jeunesse et l’émerveillement de l’amour ! Le Cardinal n’intervenait pas. Il recommandait simplement à la gouvernante de Marie, madame de Venel, d’ouvrir l’œil et de lui rendre compte de tout...

Quelques mois plus tard…

« Marie, je dois me rendre en campagne Charentaise. Il y a là-bas une citadelle fort élégante qu’il me plairait de vous montrer, Brouage est son nom. Vous conviendrait-il de m’accompagner ? » « Sire, je vous en sais gré ».

Brouage eut ses moments de gloire grâce au commerce du sel. Place forte réaménagée par Colbert et Vauban, entourée de marais salants, petit port où viennent accoster les navires de toutes nationalités pour se charger de cette précieuse monnaie, patrie de Samuel Champlain qui fonda le Québec, est un havre de paix.

Sur les remparts, Le Roi et Marie profitaient de la douceur du moment. Le soleil se mirait sur les eaux des canaux, les grues rasaient les roseaux dans de longs battements d’ailes, les peupliers remarquablement alignés apportaient une touche de relief à cette campagne si plate. Des clapotis laissaient deviner la mer toute proche. Pourtant, devant cette beauté de la nature, le Roi semblait ailleurs, ses épaules se voûtaient lui faisant baisser la tête, ses sourcils barraient son front plissé.

Soudain, il s’arrêta, se figea dans une raideur que Marie ne lui connaissait pas. Lentement, il tourna son visage vers celui de Marie. Des larmes perlèrent à ses yeux. Le Roi pleurait. « Sire ! ». Il l’empêcha de poursuivre en plaçant délicatement sa main sur ses lèvres. Il respira profondément, les yeux fermés puis les rouvrit. Marie, tremblante se demanda ce qu’il pouvait rendre le Roi dans cet état. « Mademoiselle, commença-t-il d’un voix hésitante, mademoiselle Marie, nous ne pouvons plus continuer. » Un sanglot plus appuyé l’empêcha de poursuivre.

Quelques jours plus tôt, la Reine-mère et le Cardinal eurent un entretien avec le Roi. Ils avaient résolu de mettre fin à cette idylle, mais en douceur, devant cette complicité royale qui se déroulait devant leurs yeux. Avec Mazarin, la politique ne perdait jamais ses droits. Il voulait marier le Roi avec l’infante Marie Thérèse d’Espagne. Il estimait que c’était là le seul moyen d’asseoir une paix durable entre les deux pays. La Reine désirait ardemment le mariage espagnol, il lui en coûtait tout de même de mettre fin au bonheur de son fils. Louis vivait ce qu’elle n’avait pas connu. Elle avait trop de féminité pour ne pas s’émouvoir en secret à la vue de couple amoureux. Elle surmonta son sentiment et dit à son fils : « Ce mariage est très important pour la France. S’il ne se faisait pas, il plongerait deux peuples et dans la guerre dans l’horreur . Vous n’avez qu’une parole Sire, celui d’être attentif au bien de la France ! ». « Mais madame, je veux épouser Marie, je lui ai promis le mariage et je vais demander sa main au Cardinal ! Personne ne m’empêchera de l’épouser ! ». La mère et le fils s’affrontèrent durement mais Louis demeura inébranlable.

Mazarin se dit que le seul moyen de faire cesser ce dilemme, c’était d’exiler Marie à Brouage, en Charente Maritime.. Il se chargea de l’annoncer au Roi. La colère de celui-ci fit trembler les murs et tentures du Louvre. Il menaça le Cardinal de disgrâce. Mazarin, sans s’émouvoir lui rappela qu’il fut choisi par le feu Roi, puis par la Reine-mère, que son service fut d’une fidélité inviolable et que seul l’État importait. Il rajouta qu’il tuerait sa nièce plutôt que de permettre qu’elle devint reine de France.

Louis prit les deux mains de Marie et lui rapporta les propos de Mazarin. « Mais pourquoi Sire ? Pourquoi me sacrifier pour ce mariage ? Je vous aime par dessus tout et je sais que vous m’aimez. Pourquoi dois-je céder ? » «  Pour le bien et la paix de mon Pays, Marie. »

Leurs larmes se joignirent dans un dernier et long baiser. Marie comprit qu’elle ne pourra pas s’opposer à ce mariage entre le Roi et l’infante d’Espagne. Elle lui murmura :

« Sire, vous êtes roi, vous pleurez et je pars... »

Plus tard, Racine reprit dans Bérénice cette célèbre réplique :

« Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez. »

Dans cette tragédie romaine, Bérénice vit un drame. Le Roi Antiochus est amoureux d’elle, il la veut pour femme, elle refuse cette union. Titus, empereur de Rome, aime également Bérénice. Elle préfère son Empereur au Roi de Comagène. Rome interdit ce mariage car il ne peut y avoir d’union avec l’Empereur et cette Reine étrangère. La tristesse est majestueuse. Les trois héros sont tentés par la mort. Bérénice, dans un ultime élan, s’adressa à son amour : « Vous êtes Empereur, Seigneur, et vous pleurez...

Le lendemain, Louis XIV prit la route pour Bayonne. Sa future épouse l’attendait… Il fallait donner à la France des héritiers de sang royal !…

Marie Mancini resta quelques temps à Brouage. Son oncle voulut la marier au prince Colonna, héritier d’une des plus grandes familles d’Italie. Marie déclina l’offre. Il accepta que sa nièce revienne dans la capitale mais loin de la cour et du Roi de France ; finalement, en 1661, elle accepta de se marier avec le prince Colonna. Le couple rejoignit Rome. Elle jouit d’une très belle position dans la société romaine et la famille s’agrandit avec les naissances successives de trois fils. Ses grossesses l’ont déformée et fait souffrir. Elle décide alors de se soustraire à l’acte charnel. Le couple se détruit, le prince devient violent, Marie s’enfuit. Elle revient en France, revoit Hortense. Elle tente de revoir le Roi. Celui-ci lui demande de se retirer dans un couvent et lui fait remettre une belle somme d’argent. Blessée, meurtrie, Marie profita à partir de là d’une vie de nomade, vivant au jour le jour en Savoie, Flandre, Espagne.

Lasse d’une vie tourmentée, elle retourna à Rome à la mort de son mari. Elle a 51 ans. Elle retrouva
une forme de liberté jusqu’à sa mort en 1716 à 76 ans. Louis XIV décédera un an plus tard… Se sont-ils retrouvés ?
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Bettyoups
Bettyoups 09/11/2023 à 07h26

Oooooh j'étais bien, moi sur ce rocher !! Lol !! Bon, puisqu'il en est ainsi ! J'adore, OSS ! Merci !

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Oss
Oss 09/11/2023 à 09h18

Bonjour

Merci BettyOups. J'avais à cœur de parler de cette dame et de "point de détail" ... de l'histoire.

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Bettyoups
Bettyoups 09/11/2023 à 09h20

Encore ! Encore !! J'en veux encore ! OSS !!

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Oss
Oss 09/11/2023 à 09h50

Merci BettyOups
Nous avons appris, ma soeur et moi, alors que nous réalisions l'arbre généalogique de notre famille que, notamment sur la branche paternelle espagnole, nous étions de confession juive. Lors de la Reconquista, les espagnols qui ont chassé les arabes, ont également chassé les juifs. Certains de ces juifs sont restés en Espagne car ils ont accepté de se convertir au catholicisme. Donc, nous sommes devenus catholiques.
Il y a une dizaine d'années, l'Espagne a décidé d'accorder la nationalité espagnole aux descendants de ces juifs...

Et, pour répondre à ton mot "encore", ma soeur et moi essayins de bâtir un plan pour la rédaction d'une saga familiale allant de 1810 à 1962....

Aurons-nous la force, le temps, le courage, la santé pour la realiser ???

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Bettyoups
Bettyoups 09/11/2023 à 13h13

Moi je dis ouiiiii !

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