L’HERMIONE – 4ème PARTIE
Voici quelques anecdotes de la vie de l'arsenal...
L’arsenal de Rochefort appelé « l’Arsenal des Mers », du temps de sa splendeur, fut le témoin de nombreux évènements. Voulu par Louis XIV, le Roi n’y vint jamais. Comme nous l'avons dit plus haut, il préférait rejoindre Marie Mancini, une de ses favorites, à Brouage. Les Romains s’installèrent très tôt dans la région et on leur doit les marais salants de Brouage qui permirent le commerce florissant du sel que les navires marchands de l'arsenal transportèrent aux quatre coins de l'Europe.
L’Intendant Bégon reçut une plante à fleurs que des botanistes ramenèrent d’Amérique Centrale (1698 ). Ils purent sauver cette plante des intempéries dues à la traversée. L’amiral l’offrit à son épouse qui, amatrice de cultures en serres et surtout qui sut préserver toutes les plantes reçues du lointain, lui donna le nom de « Bégonia ». C’est depuis l’un des emblèmes de la ville.
Près de 300 navires furent construits dans l’arsenal en 200 ans, principalement des navires de guerre. Certains ont eu des noms et une vie illustres comme « L’Hermione » et « La Méduse » qui s’échoua au large des côtes Mauritaniennes.
Comme nous l’avons aussi dit, Napoléon passa sa dernière nuit en France, à la maison du Roi.
Le bagne de Rochefort fut le lieu d’expérimentations françaises qui débouchèrent, pour celle-ci, sur la mise au point du vaccin de la variole.
A bord des navires partant pour le lointain, il fut expérimenté la méthode de Nicolas Appert, chercheur culinaire infatigable qui permis la conservation des aliments à bord grâce à la stérilisation de ceux-ci à l’eau bouillante. Ainsi, les marins n’eurent plus à souffrir du scorbut, l’ordinaire fut considérablement amélioré et il était permis d’avoir des légumes et des fruits en quantité à bord.
Un bagnard du nom de COLLET fut le plus illustre de tous les prisonniers. A la fois faux évêque qui porta la soutane violette, faux inspecteur général, orphelin de naissance, mœurs austères, allait à la messe chaque dimanche et ne se s’enivrait jamais. Certains écrits disent que Victor Hugo (qui séjourna quelques jours à Rochefort), s’en inspira pour créer son héros Jean Valjean…
Et puis, cette dernière légende où il est raconté que lors de la mise à l’eau d’un navire , un bagnard volontaire était autorisé à couper à la hache la dernière pièce de bois qui retenait le vaisseau sur la cale. S’il réussissait à plonger et à rester envie, il était gracié.
Le cimetière où furent enterré les hommes illustres et leurs familles, furent pour la plupart pillés loirs de la Révolution. Les cercueils en plomb furent saccagés car il fallait du plomb pour faire des balles…
EN 1852, le bagne fut évacué sur Cayenne.
Les guerres l’ont pratiquement détruit. Après la débâcle des Allemands, c’est l’armée américaine qui s’installa dans l’arsenal à la suite de la naissance de l’OTAN. L’école dans laquelle j’ai fait mes études de marin, leur appartenait. Nous l’avions occupée en 1964 lorsqu’ils partirent.
Quelques rares usines s’installèrent dont le C.E.A. (Commission à l’Energie Atomique). Ici furent fabriqués les ballons « dirigeables » sur lesquelles la bombe atomique française fut placée pour exploser à une altitude de 500 m, au-dessus du lagon de Mururoa.
L’usine Zodiac y développa s’est embarcations pneumatiques et, en 1964, l’amiral Dupont voyant le sacrilège et l’abandon de la Corderie Royale notamment, décida avec les élus de la ville de faire renaître l’histoire de l’Arsenal de Rochefort. Et ce fut une réussite.
Enfin, en 1966, Jacques Demy y tourna les Demoiselles de Rochefort, film mondialement connu.
C’est ainsi que l’Hermione reprit du service...