1 - La jalousie chez l’enfant et/ou l’adolescent - l'arrivée du second.
En temps que parents (ou grands parents), vous fûtes certainement confrontés, au moment de l’arrivée de votre deuxième enfant, de la jalousie de l’aîné. Pour l’aîné, cela veut dire que, désormais, il risquera d’être le deuxième en tout. En fait, tout dépend des circonstances.
Vous l’avez vécu, la grossesse du second se passe rarement comme celle du premier. La raison est simple. L’aîné (e) va vivre la grossesse de maman avec son père et sa mère dès qu’il le saura. C'est-à-dire qu’il (elle) assistera à toutes les étapes du changement de maman (son caractère, son état physique, ses envies…). De ce fait, les parents doivent adopter une attitude responsable vis-à-vis de l’aîné : il faut l’informer clairement, c'est-à-dire lui dire ce qu’il va se passer, le mettre en confiance, le mettre dans la confidence, l’aider à comprendre les raisons de ce ventre arrondi, les fatigues que maman va rencontrer, que dans la famille s’installera une excitation et des transformations dans la maison.
Les enfants curieux aiment savoir ce qu’il se trame et participer aux évènements de la vie. La nouvelle de la grossesse doit être dans tous les cas annoncée à l’aîné, sans cachotteries, ce qui permettra d’éviter l’inquiétude liée aux changements qui surviendront inévitablement.
Mais attention, il faut surtout éviter l’effet inverse qui consisterait à parler sans arrêt du futur bébé, en donnant maints détails intimes que votre enfant n’est pas désireux d’entendre. Parler avec lui du futur petit frère (petite sœur), répondre à ses questions, ne signifie pas que l’aîné saisira tout exactement et de s’entendre dire, par exemple : « Maman ne mange pas trop vite, le bébé ne peut pas mâcher… », ou encore : « le cordon bilical c’est que pour que le bébé ne se sauve pas ! ». Voilà donc une interprétation toute personnelle de ce que l’on avait dû tenter de lui expliquer. Les enfants se représentent les choses à leur façon.
Faisons donc attention aux mots que nous utilisons devant eux : comme cette fillette qui fut effrayer d’entendre dire de la bouche de son papa que maman avait perdu les eaux. Comment ? Maman perd ses os ?
De toute manière, il faut, et c’est essentiel, qu’un enfant puisse montrer ses réticences ou son opposition avant et après également, la naissance ; l’enfant qui n’arrive pas à exprimer ses sentiments de jalousie risque de devenir bougon, de ne plus vouloir s’éloigner de sa maman, de se remettre à faire pipi au lit, de refuser de manger, d’obtenir des notes catastrophiques à l’école, d’avoir un sommeil agité, etc… Les manifestations de jalousie cachées sont nombreuses et les régressions assez banales.
Il faut savoir que la naissance d’un nouveau-né n’a rien de traumatisant quand l’enfant est mis dans la confidence et informé des éventuelles séparations prochaines : hospitalisation en cours de grossesse ou (et de toute façon) au moment de l’accouchement.
Je me souviens qu’à la naissance de ma petite sœur (1952…), ma mère m’avait appelé auprès d’elle alors qu’elle changeait ma petite sœur ; elle était âgée de quelques jours. Elle me parlait d’elle tout en lui déroulant ses langes qui la ceinturaient. Et, comme par magie, est apparu un paquet de petits beurres ! Ma petite sœur m’avait apporté des gâteaux !!! Une complicité venait de naître ! Est-ce la raison pour laquelle que j’ai un amour fou (encore de nos jours) pour ma petite sœur ? Ma petite sœur ne venait pas tout me prendre puisqu’elle commençait à m’apporter mes gâteaux favoris.
La jalousie s’atténue si l’aîné sait qui va s’occuper de lui jusqu’au retour de sa mère. Une bonne solution consiste à le laisser chez lui, dans son cadre familier, avec une personne qu’il aime (grand-mère, tante, voisine, baby sitter…). Il verra que son territoire n’est pas envahi par l’autre pendant son absence. Le faire participer à l’accueil du puîné (né après, par rapport à un frère ou une sœur), peut jouer favorablement dans la relation ultérieure entre frères et soeurs.
Si maintenant la solution du maintien de l’aîné à la maison pose problème et qu’il doit être hébergé ailleurs, pensez à emporter ses vêtements et jouets favoris chez la personne qui va l’accueillir. Donnez lui également (et surtout !), un objet qui vous appartient (gant, foulard…) pour qu’il garde avec lui une petite part de vous-même. Que papa aille lui rendre visite le plus souvent possible et que maman lui téléphone dès qu’elle pourra le faire. Pourquoi papa ne profiterait-il pas de ces instants pour emmener son enfant au cinéma, au restaurant, qu’ils fassent la fête ensemble ? Puis aller voir bébé et maman à la maternité !
Après la naissance, l’arrivée du second provoque des réactions parfois vives ; maman est souvent dépassée par les évènements, surplus de travail, préoccupations, auxquels s’ajoutent les réactions du « grand ». Il devient capricieux, irritable et fait plus de bêtises qu’à l’ordinaire. La jalousie s’installe…
- entre un et deux ans : il ne possède pas tout le vocabulaire qui lui permettrait d’exprimer ce qu’il ressent. Il va donc montrer des comportements variés (troubles du sommeil, perte d’appétit, plaintes de toutes sortes…). Expliquez, expliquez et expliquez encore et encore. Les tout-petits comprennent beaucoup plus de choses que nous le pensons et les explications rassurent. Les grands parents peuvent vous aider dans cette tâche.
- Après deux ans, votre enfant parle, exprime sa surprise, son mécontentement, voire sa fureur. Et s’il lui arrive de faire pipi dans sa culotte, ne lui mettez surtout pas de couche comme au bébé ; cela renforce les attitudes régressives. S’il zézaye ou babille comme un nouveau-né, exige un biberon ou veut manger de la bouillie, laissez-le faire : mais qu’il ait son propre biberon, pas celui du dernier né. Et votre patience (les parents), doit être en première ligne. Accordez lui des privilèges que suppose sa positions d’aîné : dîner avec vous, aller au cinéma…
Il peut apparaître également :
- l’envie de pouponner, de faire comme les « grands » : apprentissage de la tendresse qu’il est bon d’encourager,
- le besoin de se sentir responsable, de cajoler, de surveiller le plus petit. Mais sur ce point, soyez clair : ce n’est pas « son bébé » mais son petit frère ou sa petite sœur. C’est le bébé né de sa mère et de son père.
- le désir de dévaloriser « il est sale et il est moche ! ». Acceptez que la rivalité s’exprime par des mots. La jalousie est un sentiment normal, plus ou moins apparent, mais essentiel. Partager n’est pas évident. De plus, pouvoir exprimer sa jalousie permet de désamorcer l’agressivité que cache souvent la gentillesse étalée. L’enfant ne doit pas avoir honte de sa jalousie ; les parents ne doivent pas se sentir coupables d’aimer.
Par contre, n’obligez pas l’aîné à s’extasier sur le nourrisson (regarde comme il est mignon ton petit frère – ta petite sœur – n’est-ce pas qu’il est beau ? Embrasse-le...). Laissez lui le temps de l’appréciez par lui-même. Mais attention, votre aîné peut avoir des mouvements brusques, dangereux pour le puîné. Protégez votre bébé et soyez fermes en signifiant sans équivoque qu’il est hors de question de lui faire du mal.
Et surtout, racontez à votre aîné comment vous vous occupiez de lui bébé, que lui revienne en mémoire les moments où il jouissait du traitement de faveur réservé aux tout-petits. Qu’il sache qu’à l’arrivée de chaque enfant, le cœur des parents est toujours aussi plein d’amour et d’attention. Et cela, l’enfant jaloux ne l’oubliera jamais.
(D’après les docteurs Claude Lorin et Patricia Demachy)